Pour et autour de Sante Notarnicola (1938-2021)

lundimatin#281, le 29 mars 2021

Sante est décédé le 22 mars 2021 suite à une infection post-Covid. Son livre l’Evasione impossibile dans ses premières éditions, Feltrinelli pour l’Italie en 1972 et les éditions d’en bas pour une version francophone en 1977 sous le titre La révolte à perpétuité, nous avait bouleversés, mais les retombées en France furent minces pour plusieurs raisons. La composition sociale des prisons s’avérait fort différente entre les deux pays, alors pourtant qu’ils formaient l’épicentre de la plus récente tentative d’insubordination prolétarienne, tout en n’étant pas limités par cette stricte dimension puisqu’elle revêtait déjà des caractères de ce qu’on pourrait appeler une révolution à titre humain.

En effet, en France, la plupart des participants à Mai 68 échappèrent à la prison ou, quand ils furent arrêtés pour des faits de droit commun, ne se déclarèrent pas prisonniers politiques (cf. le procès de la « bande des Tables Claudiennes » à Lyon où le procès de Raton et Munch, « trimards » accusés d’avoir conduit le camion qui aurait tué le commissaire Lacroix à Lyon le 24 mai sur le pont Lafayette). D’une façon générale, au début des années soixante-dix, la question du banditisme social ne se pose pas en France. Les maoïstes de la Gauche prolétarienne ou les trotskystes de la JCR arrêtés sont des militants politiques qui se revendiquent comme tel et même dans le milieu issu de « l’ultra gauche » les positions sont peu claires comme on a pu le voir au moment du soutien (ou non) au MIL de Puig Antich et de ses camarades. Pendant que certains soutenaient une défense nécessairement politique, quelle que soit la position qu’on puisse avoir vis-à-vis de la lutte armée, et publiaient une brochure [1]

[1]  – Cf. « La guerre civile en Espagne, 1973 : Violence… pour l’expliquer, d’autres, plus que réservés, tenaient le discours comme quoi il n’y avait pas plus de raison de les défendre eux particulièrement plus que les autres prisonniers (de « droit commun ») condamnés tout aussi lourdement. En France les luttes dans les prisons et particulièrement sur les QHS virent bien émerger quelques figures (Charly Bauer, Jacques Lesage de La Haye, Roger Knobelspiess), mais ces dernières restèrent quelque peu isolées. Malgré des révoltes sporadiques, la formation du CAP et l’action d’individus comme Serge Livrozet, elles ne prirent pas une dimension véritablement collective. Et ainsi elles sont restées tributaires de la résonance que leur donnaient des « avant-gardes externes », pour parler comme les italiens, plus ou moins spécialisées surla question des prisons. Pendant ce temps, il en était tout autrementen Italie avec l’entrée incessante dans les prisons de protagonistes d’une insubordination de plus en plus criminalisée, qu’elle provienne des jeunes ouvriers ou étudiants ou encore des emarginatiet autres disocupati. Cela produisait un brassage et une nouvelle composition sociale de la prison qui posait concrètement et non pas simplement sur le plan des principes, la caducité de la distinction entre prisonniers politiques et prisonniers de droit commun. Par là même, elle offrait la possibilité d’une lutte autonome dans les prisons venant s’insérer dans le mouvement plus large de « l’autonomie italienne », en lien avec elle donc, mais sans que le sens du lien soit univoque. Sante en fut une des expressions, les NAP une autre. C’est de cette expérience que nous avons essayé de rendre compte ici en quatre fragments dans cet hommage à une figure marquante des luttes de l’époque.

JW

La révolte à perpétuité

Outre l’intérêt intrinsèque de l’expérience prolétarienne et révolutionnaire racontée par Sante Notarnicola, c’est sans doute la première fois qu’était posée concrètement l’indistinction entre prisonniers de droit commun et prisonniers politiques qui allait imprégner les vingt années qui suivent en Italie. Était questionnée aussi la question de ce que Marx appelait le lumpenprolétariat, mais qui, dans les années 1950-1960 en Europe, relevait plutôt d’un sous-prolétariat auquel il n’y avait aucune raison d’appliquer le vocable méprisant de Marx. Le lumpen principalement composé au XIXe siècle de ceux qui, individuellement, ne voulaient pas devenir prolétaires avait en effet laissé place au siècle suivant à la masse de ceux qui ne pouvaient éviter de « tomber » massivement dans le prolétariat. Ce fut par exemple le cas des immigrés de l’intérieur et particulièrement ceux du sud de l’Italie, dont Notarnicola (né près de Tarente, dans les Pouilles) était un exemple parmi d’autres. Sante se mêle très tôt à la vie turinoise contrairement à certains Méridionaux fonctionnant en vase clos. Il y écrit ses premières poésies : Aujourd’hui l’été s’en est allé ; des douces couleurs seul demeure le jaune violent des feuilles moribondes. Tu t’en es allé avec l’été et je suis resté seul à compter les feuilles qui tombent.

Il vit ensuite la vie des militants ouvriers de base sans formation particulière autre que trois livres de littérature imposés, dont Le talon de fer de Jack London et Histoire du parti bolchévique de l’URSS de Staline. Aucun écrit de Marx, mais une formation forgée dans les réunions et discussions. C’est là que naît son amertume par rapport aux fonctionnaires du Parti sans rapport à la base, mais sans qu’aucune alternative ne lui apparaisse. Clairement, la révolution était remise à plus tard et même la lutte quotidienne contre les fascistes était mise sous le boisseau. Fonder un autre parti à la fin des années cinquante apparaissait impossible, restaient les actions exemplaires de résistance en référence à Cafiero (« La plus grande infamie est l’inaction » (p. 61) et sur le modèle des GAP (groupes d’action patriotique) de la Résistance (Danilo, l’un des membres du groupe y avait participé). Un petit groupe s’est formé à Turin qui entre peu ou prou dans la clandestinité et se procure des armes rudimentaires. La haine contre les gardiens de la Fiat cristallise la haine de classe de l’époque et l’usine devient la cible. Les actions à venir constituant les prémisses de la future lutte armée, mais pour Piero Cavallero, autre membre du groupe, il s’agissait dans l’immédiat de produire « l’éclat du défi » (op. cit., p. 68). Dès la première attaque (le 15 mai 1959) pour s’emparer de la paye du tour de nuit, les journalistes et politologues notent un changement stratégique avec ce qu’ils appellent la naissance d’un banditisme social, d’une guérilla nouvelle. L’action avait aussi produit un choc, aussi bien parmi les camarades qui s’y opposaient — pour le parti communiste italien et les syndicats qui ont participé aux gouvernements d’unité nationale dès la Libération, il n’était pas question de tolérer des comportements qu’on dirait aujourd’hui inappropriés — que parmi ceux qui étaient convaincus de son bien-fondé.

La révolte de Piazza Statuto en juillet 1962 va produire un deuxième coup de semonce d’une tout autre ampleur. Elle voit l’affrontement violent entre ouvriers et policiers d’une part et ouvriers et syndicats d’autre part (un local de l’UIL, l’équivalent de FO est attaqué). Toute la gauche traite alors de fascistes les manifestants. Pour Notarnicola, la désillusion est telle que s’impose à nouveau le passage à l’action individuelle. Ce ne sera plus la Fiat l’objectif principal, mais les banques qui « sont le symbole du capitalisme financier, des monstres anonymes et puissants » (p. 102). Mais peu à peu le groupe s’effrite du fait de motivations très différentes entre ceux qui, finalement, à travers les hold-up veulent faire de l’argent et ceux pour qui ce n’est qu’un moyen de financement pour s’organiser politiquement. Et même cette dernière motivation va avoir tendance à se perdre en route quand, pendant les quatre années suivantes, ce fut « cette activité frénétique et illégale qui nous fit perdre à tous le projet initial, qui nous amena petit à petit à tout réduire à un défi mortel entre la police et nous, qui nous poussa dans une clandestinité confinant à la paranoïa et nous détacha des amis et de nos camarades » (p. 112). Après une énième attaque de banque (la vingt-troisième) à Milan en 1967, les membres du groupe sont arrêtés. Après quelques mois de prison Sante participe à sa première mutinerie au son de « À bas les codes fascistes » (le code Rocco) et est aussitôt désigné comme délégué par les mutins pour discuter avec l’administration. Le modèle est l’unité ouvrière qu’il propose d’appliquer pour les prisons en reprenant Bandiera Rossa. C’est à ce moment qu’il rencontre Riccardo d’Este, ancien de Classe operaia, puis de Ludd et Comontismo [2]

[2]  – … et enfin de Temps critiques dans les années 90… , Eddy Ginosa libertaire à la fois proche des situationnistes et de la revue Invariance et Andrea Valcarenghi qui allait fonder la revue underground Re Nudo. Avec l’automne chaud et les nombreux emprisonnements qui s’ensuivent se pose concrètement la question de la distinction politiques/droits communs or devant un gouvernement qui, en 1970, décide l’amnistie pour les politiques, les droits communs de plusieurs prisons se lancent dans des mouvements de grève de la faim et tout à trac se déclarent « prisonniers politiques » puisque l’État et l’administration pénitentiaire ne veulent pas céder. « Le mouvement des prisons était en train de naître » (p. 163). Les liens se tissent avec Lotta Continua qui commence, à l’époque,son travail spécifique sur les « damnés de la terre ». Le mot d’ordre est aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur : « On ne change pas la prison, on la détruit (p. 176). Un slogan qui inspirera aussi les Noyaux armés prolétariens (NAP) actifs à partir de 1974.

Les élections de 1972 approchant, une initiative politique est prise pour une campagne pour le droit de vote en prison. Elle provoque la critique de certains groupes des « avant-gardes externes [3]

[3]  – Dans sa lettre du 8 avril 1972 de la prison de Lecce…  », mais son sens était à la fois symbolique et pragmatique en tant que soutien à Pietro Valpreda alors détenu et qui se présentait sur les listes du parti radical.

À son procès en appel, il resitue son parcours dans une sorte d’autocritique : « Pour ma part je me suis rebellé contre cet état de choses dès l’âge de quatorze ans. À un certain moment de mon existence, quand j’ai accepté de faire le bandit, j’ai donné à cette rébellion une forme erronée, j’ai confondu lutte révolutionnaire et révolte individuelle en faisant ainsi le jeu de la classe dominante à qui appartient la logique de la violence et de l’oppression… » (p. 188). C’est cette « révolte à perpétuité » qu’il faut retenir, par delà ce retour à une certaine orthodoxie militante, l’absence de critique de la Chine quand, à son procès en appel, Sante énonce qu’il n’y a que cinq cents prisonniers en Chine maoïste ou encore quand il fait référence de façon laudative au Que faire de Lénine dans son texte sur les « damnés de la terre ».

JW

Un livre indispensable [4]  – Introduction d’Erri de Luca à la seconde édition de…

Ce livre de Sante Notarnicola est paru en 1972 édité par Gian Giacomo Feltrinelli. Cette année-là, l’un a explosé accroché à un pylône, l’autre était en prison depuis 1967.
Ce livre est encore une narration, mais déjà un document d’histoire.

Il commence dans les années cinquante et se termine dans les années soixante-dix, celles qui ont longtemps été ignorées, contournées par l’histoire, officielle et réticente. Les années soixante-dix correspondent à la tête des tempêtes, que les navires contournent en les tenant à distance. Réduites à l’actualité criminelle, ce furent des années politiques où la parole politique venait d’en bas et avait de la dignité. Aujourd’hui, cette histoire tue est recouverte dans la mémoire publique par la musique pop, par Battisti, Celentano et le chanteur de la compagnie. Les années soixante-dix ? Celles du garçon de la via Gluck [5]

[5]  – Il ragazzo della via Gluck est une chanson d’Adriano… . En ces années de rébellion, nous ne vivions pas dans la Via Gluck, ni parmi les blocs d’immeubles et les garçons de la Via Paal [6]

[6]  – Les Garçons de la rue Paul, roman de Ferenc Molnár… . Nous étions dans une Italie qui publiait des livres de révolutionnaires prisonniers, des librairies qui les distribuaient et aucune critique dans les pages culturelles ni interviews de l’auteur emprisonné. La nouvelle passait directement par le bouche-à-oreille, rapidement au travers des cortèges surchauffés, des assemblées plantées au milieu du temps officiel pour l’arrêter, dans une école, au milieu d’un atelier, sur un chantier. Le cri : « Assemblée, Assemblée » arrêtait les horloges. Les secondes, les minutes, l’heure entière se détachaient du cadran par leur propre poids, c’était le temps hors du compte, le temps inventé, libre de déborder au-delà du temps.

Dans les bistrots, dans les tramways, on échangeait des nouvelles fraîches, non seulement des arrestations et des libérations, mais aussi des sorties de livres. L’évasion impossible passait de main en main, démontrant qu’il était possible de faire sortir des livres et des histoires des cages. Il coûtait deux mille lires, un prix élevé l’année même où le quotidien Lotta Continua sortait au prix de cinquante lires. Feltrinelli savait faire des affaires, mais parallèlement il diffusait une littérature politique urgente pour cette jeunesse sortie de ses gonds et des rangs.

Sante écrivait dans sa cinquième année derrière les barreaux. 68, il l’avait entendu derrière et à l’intérieur des murs de l’isolement. Mais même dans le vide de la réclusion, le vacarme lui parvenait. Aucun mur n’était suffisant pour assourdir 68. La fureur rebelle que Sante, né en 38, avait attendue tout au long de sa jeunesse communiste et turinoise, qui était apparue en flash de magnésium, en noir et blanc, dans les révoltes de Gênes en 60 et de Turin en 62, était finalement arrivée et se propageait. Elle grandissait sans parti et sans syndicat, il n’y avait pas d’intermédiaires entre elle et tous les pouvoirs établis.

Ce n’était pas seulement l’Italie. C’est venu des quatre vents, de l’orient asiatique de l’Indochine qui a pu battre et renvoyer chez eux les soldats habituels, venus là pour protéger les intérêts occidentaux ; des Black Panthers qui mordaient le racisme de la société américaine ; d’Amérique du Sud qui a appris et enseigné la petite guerre, la guérilla ; de l’Afrique qui secouait des siècles de colonies ; d’Irlande avec son Ulster écrasé par l’armée anglaise.

Les quatre vents soufflaient la tempête. Sante les a écoutés de la part des camarades qui sont entrés par vagues, pour peupler les prisons et changer la donne dans les rangs des prisonniers. Des jeunes bien éduqués sont venus avec des livres et les ont lus à haute voix pour ceux qui n’avaient pas eu d’école. Une autre jeunesse remplissait à nouveau de causes politiques les cellules des préfectures de police, les couloirs des pénitenciers.

C’est ainsi que sont reparties, par rebond et contagion, les révoltes même aux endroits les plus écrasés et les plus humiliés de la chaîne de commandement. Là, au dernier degré, au-dessous du niveau de la rue et de l’éducation, là, la fraternité se pratiquait horizontalement, prête à tous les sacrifices. À l’époque, on l’appelait communisme, il avait une histoire de révolutions et de défaites, et était le premier mot politique né au XXe siècle. Il venait d’un manifeste du siècle précédent, mais c’était l’émergence du siècle suivant. Si l’on enlève la queue et la tête, le communisme, comme lorsqu’on distille l’eau-de-vie pour ne garder que le cœur, reste la plus ancienne ressource de l’humanité : la fraternité. Sans prévenir, elle s’est plantée là, dans les prisons, sous la répression la plus féroce, parmi ceux que l’on donne pour morts parce que divisés et vaincus. La révolte des prisons est une page distincte de cette période de luttes révolutionnaires en Italie dans la troisième partie du vingtième siècle. Cette révolte arrache et obtient des choses. L’Italie de l’extérieur fait quelque chose, change les règles, la réforme de la peine. De même qu’il est possible de faire pression pour une réforme du service militaire, de même des victoires dans les usines émergent avec le samedi férié, la réduction à huit heures dont une demi-heure de cantine, de meilleures conditions sanitaires dans les établissements.

Une jeunesse révolutionnaire a produit des réformes payant en détention un prix qui aurait été raisonnable si elles avaient été extorquées à une tyrannie, mais exorbitant en démocratie. L’Italie de la plus belle Charte constitutionnelle la gardait accrochée au mur à côté du crucifix et ne permettait ni à l’une ni à l’autre d’en descendre. Trente ans d’un parti unique aux commandes [7]

[7]  – Le parti de la démocratie chrétienne… avaient transformé la statue de la démocratie en statue de sel. Les jeunes révolutionnaires de l’époque se sont mis à écraser leur record d’emprisonnement politique. Ils avaient cessé de demander. Leur intransigeance s’est heurtée à toutes les autorités, les a affaiblies, les a obligées à conclure des pactes qui ont ensuite été signés par les partis sociaux-démocrates siégeant au Parlement.

Sante raconte. Sa voix est libre des défenses d’office, c’était un révolutionnaire sans parti. Il a rencontré Lotta Continua, les Brigades rouges, mais est resté Sante, un compagnon à part. Sa voix de l’époque ne porte aucune trace de cette dose de volonté de puissance qui se cache dans toute forme organisée. Un jour, il est le représentant d’une mutinerie carcérale, le lendemain, il est à nouveau submergé par les représailles, le réduit à zéro que les autorités déplacent sans cesse. Les trous, les fossés, les catacombes criminelles de notre pays, il les a tous traversés, vagabond aux fers entre barreaux et escortes. La voix de Sante conserve l’honnêteté de ceux qui ne se sont jamais retrouvés à devoir défendre leur propre sigle, un éclat, quand ça dérapait, il s’arrachait. Aujourd’hui, il est quelqu’un qui a payé sa dette criminelle. En tant que tel, il est un citoyen rare, qui ne doit rien à l’État. Dans un pays d’évadés fiscaux et de tricheurs réglementaires, il est la figure du débiteur qui paie sa facture jusqu’au dernier centime des jours. D’autres personnes de cette génération ont payé et paient jusqu’à l’outrance la facture pour nous tous de cet âge politique. Ce sont eux qui ont été les derniers à se lever de table en courant, ce sont eux qui ont été rattrapés par l’aubergiste, complètement rincés jusqu’à la vieillesse. Qui veut connaître l’Italie du XXe siècle doit feuilleter les années soixante-dix. Ce livre est indispensable sur cette étagère-là.

Erri De Luca
,
traduction EP pour Temps critiques

Les damnés de la terre et la révolte des prisons

Camarades, permettez-moi avec les débuts de ces travaux d’envoyer notre salut aux camarades emprisonnés. Aux camarades exilés, spécialement ceux pour lesquels l’exil est difficile, notre salut va aux exilés qui ne jouissent pas de faveurs particulières, ou parce qu’ils manquent de moyens personnels, ou parce que leur cohérence politique les exposent, dans un cycle chargé de méfiance et de contrôle qui les contraignent à une vie de marginaux.

Et rappelant l’exil de beaucoup, un souvenir plein d’émotion va au camarade avocat Sergio Spazzali qui a donné beaucoup aux prisonniers et n’a rien eu en échange, sinon l’affection et l’estime de beaucoup de révolutionnaires. Sergio est allé augmenter la liste de ces camarades qui ont donné tout, totalement tout.

Aux camarades emprisonnés en ce moment, outre notre salut nous tenons à dire que durant ce travail, nous poserons au centre la question de leur libération.

Nous voulons développer une action politique d’une ample portée pour dépasser la fragmentation des initiatives qui ont caractérisé ces deux dernières années.

C’est à nous de faire en sorte que soient dépassés les obstacles qui empêchent aussi sur ce terrain délicat, un apport unitaire du mouvement. Comment nous espérons sortir de cet échange.

Les obstacles sont de diverses natures, quelques-uns liés à de vieux travaux aujourd’hui très dépassables, étant donné le temps écoulé (je me réfère aux divisions des années 70 qui ont caractérisé la vie du mouvement révolutionnaire). D’autres obstacles, à l’inverse sont actuels et pour cela insidieux. Par rapport à ces derniers, le maximum de clarté a été fait, pour donner des instruments ultérieurs aux camarades piovani (″pluvieux″ ?) vers lesquels nous sentons le poids de la responsabilité qui en dérive de par le poids de notre histoire. Nous voulons aussi rappeler aux « oublieux » quelle pesante responsabilité politique et humaine ils assument en termes de révision historique, omettant, minimisant ou même théorisant des choix déshonorants sur le plan personnel, outre que politique. Des choix et des comportements qui ont pesé beaucoup dans les années qui se sont succédé et qui ont empêché la reprise du mouvement, tout ce qui a échoué sur les décombres de la rupture de la solidarité.

Un salut non formel va aux femmes et aux hommes, enfermés ici à la Dozza.

C’est un salut à étendre aux détenus qui sont enfermés avec des « bracelets » (ils ont proliféré ces derniers temps), aux détenus qui subissent une peine inhumaine comme celle de la perpétuité et, enfin, aux détenus malades. Et ici nous ne pouvons pas ne pas rappeler avec émotion et préoccupation : Prospero Gallinari, Salvatore Ricciardi, Salvatore Cirincione, la camarade Silvia Baraldini et tant d’autres qui vivent, outre la prison, des maladies dévastatrices.

Camarades, dans l’histoire du mouvement ouvrier de tout ce siècle, le PCI, a toujours agité le drapeau du vieux camarade Terracini qui, sous le régime fasciste fut le dirigent qui purgea 18 ans de détention. Sous le régime « démocratique » né par la résistance, Paolo Maurizio Ferrari, communiste et militant des Brigades Rouges, au prochain mois de mai il aura purgé vingt ans de prison, et ainsi les frères Abatangelo Giovani Gentile Schiavone, Maria Pia Vianale. Des dizaines et dizaines d’autres communistes sont en prison depuis plus de quinze ans. Ce sont des données. Ceci est le dur prix à payer à la propre cohérence de communistes. Il n’y a pas la discontinuité plaisante tant attendue… La répression continue à fonctionner avec une parfaite continuité !

La continuité des prisons spéciales où sont enfermés avec le même traitement des temps d’urgence, des dizaines de camarades. Ce sont ceux dont on ne parle jamais, même entre nous et qui se taisent et ne demandent rien. Ce sont les camarades qui par pures convictions politiques, ont fait de leur vie un militantisme granitique, dans les conditions les plus difficiles que l’on puisse imaginer. Dans les années passées, grâce à l’urgence, nombreuses ont été les fortunes politiques ainsi qu’économiques qui se sont formées sur la peau des camarades. Dans des temps plus récents, à défaut des raisons qui l’avait généré, des écrivains d’un certain type n’ont pas renoncé à s’engraisser et ont créé de fausses urgences. Il suffit de se rappeler les livres des Flamigni, des Cipriani, etc. où tout en soutenant des thèses complotistes chères au vieux PCI, ils violent leur intelligence (mais en ont-ils ?) sans se sentir ridicule. Nous discutons donc de cette période, tenant présents les coûts humains qu’elle a eus et les difficultés de ceux qui ont osé de façon autonome l’escalade pour le communisme.

Encore une fois, je suis invité à une initiative de mouvement comme témoin d’une longue époque de lutte qui souvent a vu au centre aussi les problèmes de la prison.

Je reste toujours dans l’idée qu’une reconstruction historique et politique de nos histoires doit nécessairement avoir un caractère collectif. Même si désormais, les contributions sont nombreuses, pour que cette reconstruction puisse être achevée, il est indispensable que tous les camarades soient en dehors des prisons et les exilés rentrés. Ceci parce que, entre les plis de cette histoire, il peut y avoir des tuiles de nature judiciaires : la dernière arrestation sur le cas Moro a eu lieu il y a quelques mois.

Chaque fois que j’ai affronté publiquement les problèmes de la prison, j’ai toujours divisé en deux phases ces histoires. Une première phase qui commence avec mon arrestation et va jusqu’en 1977 et une seconde phase, celle des prisons spéciales qui est toujours en cours.

Je suis fortement lié à cette histoire, celle du mouvement des « damnés de la terre », que je juge exemplaire du point d’une lutte de masse, de l’acquisition d’une forte dignité collective de milliers de détenus, et de la croissance d’une identité politique qui a impliqué des centaines de personnes, quelques-unes parmi lesquelles, avec le temps, ont assumé des rôles de responsabilité politique à l’intérieur du mouvement révolutionnaire.

J’y suis lié aussi par une veille culture que je suis en train de raviver en dehors des prisons dans ces années de semi-liberté infinie…

Cette époque de lutte eut d’incroyables résultats dont on devrait se rappeler, ou mieux, analyser. Pour tous, je veux rappeler la force de ce mouvement qui sut créer, à l’intérieur des plus grandes prisons, un vrai et propre « territoire libéré » qui géra d’une manière révolutionnaire, posant à l’ordre du jour le lien politique avec le mouvement externe, l’étude, la croissance politique de la masse des détenus et des individus. On créa un très fort sens de solidarité, afin de préparer le saut de qualité qui pour beaucoup signifie la libération pratique à travers des évasions individuelles et de masse qui, en ces années furent nombreuses et sensationnelles.

Certains de ceux qui se sont échappés, ne retournèrent pas aux veilles activités extra-légales, mais allèrent grossir les rangs du mouvement révolutionnaire, portant une contribution de courage, cohérence et toute la richesse acquise dans les luttes de ces années. Pour tous, je veux rappeler Martino Zicchitella, qui paya de sa vie sa cohérence, durant une action des Noyaux Armés Prolétaires (Nuclei Armati Proletari).

Très souvent, quelques camarades m’ont demandé comment pouvoir faire une intervention aujourd’hui dans les prisons. J’ai dit et je répète que la réponse nous vient de ces lointaines expériences. Le mouvement des « damnés » pourrait décoller si les conditions favorables étaient réunies. En attendant celles-ci en prison, sont plus proches du Moyen Âge que de nos jours et donc plus proche du point de rupture. Mais, la chose la plus importante était le changement de la composition sociale dans la prison. L’irruption de figures prolétarisées, peut-être avec des expériences fugaces dans le monde du travail, ou qui en vivaient la problématique en famille, fit faire un saut qualitatif dans la manière de traiter d’énormes problèmes que la prison posait jour après jour. Ce ne fut pas simple, de convaincre rapidement tous à la nécessité d’une lutte collective, là où il y avait des individualités très fortes, dans une réalité dans laquelle, c’était justement la résistance isolée, la culture la plus appréciée.

Un autre aspect, le plus important, est que dans la même période en dehors de la prison, un puissant mouvement de masse s’est formé, surtout de la jeunesse, pour la première fois en dehors du contrôle des partis, au contraire contre les partis et contre tous les types d’autoritarisme. Un mouvement qui pourrait vivre longtemps grâce à la soudure qui se fit entre monde de l’école et monde du travail. Les références idéales de l’époque étaient le Che, les guerres de libération du tiers-monde, la révolution culturelle chinoise, la lutte des noirs américains contre la discrimination raciale et surtout, la lutte du peuple vietnamien.

Thématique qui eurent une grosse influence aussi parmi les détenus qui commençaient en étroit contact avec ce mouvement, à former et construire leur conscience politique.

À Irene Invernizzi, une militante de Lotta Continua qui avec cette organisation eut un rôle essentiel pour la formation politique des détenus, nous écrivions en 1971 que « la prison peut être définie comme le miroir de la société qui le contient et les prisonniers comme son image ».

Cette définition ouvre le fameux livre la prison comme école de révolution qui eut à l’époque un gros succès à l’intérieur et en dehors et qui devrait être lus par des camarades piovani (″pluvieux″ ?). Merci à cette camarade, et à son organisation pour la première fois, fut donnée la parole aux détenus.

Si la prison est donc le miroir de la société, on comprend pourquoi aujourd’hui malgré les conditions de surpeuplement qui rendent invivables le quotidien, un mouvement ne décolle pas. Les mutations ont été profondes ; 15-20 pour cent de la population des détenus est formée d’extra-communautaires, c’est à dire de personnes venant de cultures diverses et comme dehors, elles entrent souvent en contradiction, en collision et il vient à manquer un support faisant autorité que seuls les camarades pourraient apporter. Puis la drogue, la toxicodépendance, un pourcentage très élevé qui pour survivre a également provoqué des dégâts incurables qui ont certainement facilités, comme dehors, par engourdir les forces et les consciences, ce qui a déterminé aussi un double contrôle.

La composition des détenus est donc profondément modifiée et ainsi la force et la présence du mouvement ; c’est seulement quand celui-ci redeviendra protagoniste dans la vie sociale, qu’on pourra recréer des conditions car on peut intervenir aussi dans les prisons.

En revenant un instant sur ces années là, sur les liens désormais solides crées entre les mouvements externes et internes, sur le climat et le débat de ces années-là, je me souviens qu’à l’extérieur des prisons, une série d’avant-gardes avait mis à l’ordre du jour la question de la lutte armée et la manière de la développer. Nous, dans les prisons en tant que personne ordinaire nous ne nous sommes pas sentis exclus, au contraire… Après quelques épisodes : le massacre dans la prison d’Alessandria, l’assassinat de Venanzio Marchetti par les agents de la garde pendant un soulèvement, la fusillade contre les prisonniers à la Marate de Florence, presque toute l’avant garde de la prison avait rompu ses liens avec Lotta Continua qui pendant des années avait eu un rapport privilégié avec les prisonniers, et déversait ses sympathies sur les organisations armées, ce qui en ce qui nous concerne posait aussi le problème de la rédemption totale et de la démolition des prisons. Plus personne ne croyait à une prison humanisée, réformée.

De plus, grande était l’influence des premiers militants arrêtés de ces organisations ; ils entraient en contact direct avec nous et nous rapportaient le niveau du débat qui existait au sein du mouvement. C’est ainsi qu’a eu lieu une soudure idéologique, politique et pratique qui allait durer de nombreuses années. Naturellement, grâce aussi à l’action des NAP, qui s’étaient organisés pour défendre les luttes des prisonniers, cette soudure d’idéologies, de politiques et de pratiques allait durer de nombreuses années ; cette soudure inquiéta fortement la direction du Ministère de la Justice, qui commença par créer quelques quartiers d’isolement pour individus et petits groupes à Porto Azzurro, Alghero, Favignana et dans quelques autres prisons et, en 1977, dans le plus grand secret, créa cinq prisons spéciales.

Il serait toutefois peu généreux à l’égard de tant d’avant-gardes carcérales de prétendre que leur choix de la lutte armée n’a été dicté que par l’influence des militants des organisations armées. Ces avant-gardes, rappelons-le, avaient leur propre particularité : elles se sont formées au fil des ans dans le feu des révoltes, elles ont souvent subi des répressions indescriptibles et leur militantisme, leur formation, s’est déroulé entièrement « aux mains de l’ennemi », au sein de l’institution la plus fermée et la plus « jalouse » de la bourgeoisie. L’adhésion était également dictée par une réflexion politique : seule la révolution pouvait donner, peut donner, la vraie liberté. Cela s’applique évidemment à tout le monde, mais pour un prisonnier, le mot liberté a mille significations de plus.

Ces camarades ont donc pris cette responsabilité non seulement pour tenter une sorte de rédemption personnelle, mais pour entraîner tous les autres, pour transformer cette masse « délinquante » en une véritable strate de classe.

Tous les soulèvements prolétariens historiques, au plus fort de leur développement, ont agrégé de multiples figures extérieures à la classe : même la petite et moyenne bourgeoisie. Cela s’est également produit dans les années 1970. Puis, régulièrement, lorsque la crise a explosé, chacun est rentré dans les rangs… la petite et moyenne bourgeoisie au sein de sa propre classe. Ceux qui n’ont pas ce genre de choix sont les prolétaires et…. les incarcérés.

Comme je le disais, en 1977, cinq prisons spéciales ont été créées, avec des caractéristiques hautement destructives et un isolement absolu.

La gestion de ces prisons passait, pour la première fois, sous la dépendance directe de l’exécutif, c’est-à-dire du gouvernement, et le contrôle externe était confié aux carabiniers.

Les objectifs de cette révolution du système pénitentiaire étaient multiples : d’une part, il s’agissait de redonner confiance à la direction et aux gardiens de prison, éprouvés et découragés par une lutte de dix ans qui les avait vus sur la défensive ; d’autre part, il s’agissait d’isoler les militants des organisations armées et les avant-gardes de la lutte de la masse des prisonniers et d’envoyer un message précis au mouvement extérieur.

Les mois qui ont suivi l’institution des prisons spéciales ont été difficiles, également parce qu’à l’extérieur, les NAP avaient terminé leur parabole et ceux qui sont restés ont rejoint d’autres organisations combattantes et celles-ci, si je me souviens bien, ont commencé à subir d’importantes pertes en termes de profondeur politique et de nombre. Un moment de faiblesse dont l’ennemi a profité, déployant sa force sur les prisonniers. Malgré cette phase très dure, il n’y a pas eu de défection de la part des prisonniers qui, au contraire, se sont réorganisés par la suite, se dotant des structures nécessaires à leur survie politique et physique.

Une nouvelle saison de luttes a commencé, qui au début étaient particulièrement difficiles parce qu’elles se faisaient en petits groupes. Parfois, elles ressemblaient à des luttes désespérées. Mais grâce à la contribution de l’Organisation communiste combattante (OCC) et de l’ensemble du mouvement, les prisonniers ont réussi à regagner l’espace vital et à maintenir le corps des prisonniers compact et solide.

Je tiens à souligner que pendant de longues années, malgré la dureté de la répression, le corps des prisonniers est resté compact et uni, et cette solidité morale a donné beaucoup de confiance dans l’avenir et donc dans le dépassement des crises cycliques.

Les espaces politiques étaient évidemment privilégiés par rapport à tout le reste, et je crois que le rôle et l’influence des prisonniers sur le sort du mouvement révolutionnaire pesaient lourd, pour le meilleur et pour le pire.

Il faut aussi admettre qu’il n’y a pas toujours eu beaucoup d’équilibre, il y a eu des excès de subjectivisme qui, à la longue, ont usé les prisonniers. À certains moments, il aurait été nécessaire de conserver la force, de donner moins de place à la subjectivité. Ce n’est un secret pour personne que les cadres les plus préparés étaient en prison et que leur influence politique était très forte, en raison des élaborations théoriques qui étaient souvent pensées et expérimentées par les prisonniers eux-mêmes.

Certes, de nombreuses erreurs de subjectivisme et de sectarisme, malédiction historique de la gauche, ont été commises, et cette dernière a contribué, à terme, à l’effilochement du mouvement révolutionnaire.

Mais cela ne doit être une excuse pour personne, surtout pour ceux qui, en difficulté dans les prisons, ont brisé la solidarité, éludé les contradictions et choisi le dialogue avec les juges et autres.

Zones homogènes… dissociation… sont des termes incompréhensibles ou vagues pour certains, et il est peut-être bon de préciser que derrière ces mots, la qualité matérielle de votre vie de prisonnier a changé. Pour ceux qui ont fait un choix différent du vôtre, leur vie quotidienne a été changée, ils ont été récompensés par le traitement de prisonniers-hôtes, après une déclaration publique d’abjuration publiée presque toujours dans Il Manifesto qui, rappelons-le, non seulement se prêtait, mais soutenait la création de zones homogènes et donc la dissociation ; une position bizarre pour quelqu’un qui occupe le marché éditorial en tant que « journal communiste ». C’était une sorte d’accordéon obscène : à mesure que leurs espaces s’élargissaient, les nôtres se refermaient. Les exemples sont nombreux, et il n’est pas inutile d’en mentionner quelques-uns ici. Les zones homogènes ont été formés dans les prisons appropriées, pas trop loin des lieux de résidence pour faciliter les choses aux membres de la famille, mais en tenant compte des besoins de la nouvelle politique. La Rebibbia était idéale de ce point de vue, on pouvait même se présenter au parlement et en sortir en tant qu’honorable député… Nos compagnons, nos familles, en revanche, devaient continuer à parcourir les 2000 kilomètres habituels pour une heure de parloir, avec des vitres de séparation. De plus, ils devaient souvent se déshabiller et subir des fouilles humiliantes. Lorsque les partisans des zones homogènes et des zones dissociées ont reçu des ordinateurs, pour se tenir au courant des nouvelles technologies, tous nos livres ont été emportés. Nous ne pouvions en garder que trois à la fois et je me souviens encore de mon indécision quant à savoir s’il fallait privilégier le vocabulaire ou un texte qui m’intéressait particulièrement. Lorsque ceux qui se trouvaient dans les zones homogènes ont eu plus d’espace pour se socialiser avec le monde extérieur, pour nous la censure du courrier est devenue plus féroce et l’application de l’articla 90, qui suspendait tous les droits constitutionnels du prisonnier, est devenue plus féroce.

Camarades, pendant deux bonnes années, j’ai eu la chance de partager toutes mes journées, sans interruption, avec trois autres prisonniers. Toujours les mêmes. Il faut être très bien armé pour résister à de telles conditions et ne pas perdre la tête. Il y a eu des passages d’une telle férocité que, par orgueil, par modestie, je n’en ai même pas parlé à Severina, la compagne avec qui j’ai partagé tout cela.

Les zones homogènes, les dissociés, ont fait plus de dégâts que les traîtres, car ils ont brisé la solidarité politique et semé la méfiance non seulement dans le corps des prisonniers, mais aussi au sein de la classe.

À cet égard, je voudrais vous lire un extrait d’un document qui a récemment traité des problèmes des exilés :

Les dégâts sociaux produits par les repentis sont circonscrits, se limitant à démanteler une organisation clandestine et à pénaliser les membres qui la constituent. La désolidarisation, au contraire, est une mesure de plus grande portée sociale, dans la mesure où elle crée un précédent idéologique, produit de la désaffection et du découragement, non pas dans les rangs d’une organisation spécifique, mais à l’intérieur des mouvements sociaux en général. La dissociation vise donc un très grand nombre d’individus et est potentiellement plus insidieuse en ce qu’elle transcende la simple défaite militaire. La repentance adopte le langage des militaires, tandis que la dissociation puise dans le vocabulaire communicatif de la société civile.

Ceux qui ont pris de la distance avec leur passé ont, le plus souvent, eu l’occasion de reprendre ou de commencer une profession. Leur « autocritique » prend de l’importance non pas parce qu’elle a mûri dans les profondeurs des convictions personnelles, mais parce qu’elle se prête à être reproduite et transmise à d’autres individus et groupes. Les dissociés sont invités à agir en tant que témoins d’une défaite générationnelle, à promouvoir une mémoire de la défaite qui ne s’épuise pas dans le passé et le présent, mais qui conserve également un impact significatif par rapport à l’avenir. Il est un fait que, pour ceux qui ont été impliqués dans les processus politiques, la désolidarisation a également signifié la réintégration et souvent le travail. Beaucoup d’autres ont dû émigrer. Parmi les premiers, le statut public des dissociés s’est incarné dans des messages et des appels clairs et sans équivoque lancés depuis les pages des journaux ou les écrans de télévision.

Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur l’histoire et le rôle de la dissociation, je recommande le livre Il proletariato non si pentito, Maj Editore, où vous trouverez toute la documentation de ces années sur le problème.

Bien sûr, je suis d’accord avec ce que le camarade a écrit. Je ne comprends donc pas la superficialité des secteurs de ce mouvement qui donnent de la crédibilité à ceux qui, au lieu de démontrer leur cohérence, ont fui et cherchent maintenant à se reproposer comme un sujet politique « renouvelé ». Même les démocrates-chrétiens ne sont plus autorisés à se « recycler ».

Je pense que la cohérence est essentielle pour les communistes, et par cohérence j’entends aussi le fait de toujours défendre sa propre classe. Sinon, non seulement nous perdons notre crédibilité, mais nous faisons reculer les mouvements, et nous savons combien il est difficile de s’en remettre.

Je me souviens quand les communistes, dans les salles d’audience, revendiquaient leur militantisme ou que les camarades des Brigades rouges revendiquaient leur appartenance à l’organisation et toutes les actions qu’elles menaient. C’était la fierté d’appartenir à un parti ou à une organisation qui portait le projet le plus élevé : la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Aujourd’hui, en prison, il nous reste ceux qui se sont « sali les mains », les prolétaires. Les professeurs, les enfants de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie, les néo-parents, après avoir suivi des cours accélérés dans ces zones homogènes, ont repris leur place dans la « société ».

Il nous reste deux problèmes, parmi d’autres : la reconstitution de notre mémoire et le retissage du fil rouge de la solidarité de classe avec des contributions plus substantielles que celles que je peux apporter, et le sort des prisonniers politiques et des exilés. En outre, le problème urgent des prisonniers dans un état de santé grave : Prospero Gallinari, Salvatore Ricciardi, Salvatore Cirincione, Silvia Baraldini et d’autres …

Deux problèmes qui doivent être développés ensemble, même si l’état de santé des camarades nous impose un délai serré si nous voulons leur donner la possibilité de survivre à la détention.

Prospero n’a jamais voulu, en raison de ses convictions et de sa cohérence personnelle, donner la priorité à sa maladie pour résoudre son cas personnel. C’est nous, les camarades, qui avons fait pression sur son avocat pour qu’il demande un report de sa peine, ce qui a été rejeté deux fois. Comme vous le savez, Prospero a subi une opération du cœur et a trois pontages. Il y a quelques jours, il a été hospitalisé pour une attaque et, selon les différents médecins qui l’ont examiné, chaque crise pourrait être la dernière.

Il faut savoir que le régime fasciste libère Gramsci en octobre 1934 pour qu’il puisse se faire soigner. Gramsci meurt environ deux ans plus tard, en avril 1937. Mais nous sommes tous d’accord pour dire que le fascisme est le meurtrier de Gramsci. Nous sommes tous d’accord pour dire que ce pouvoir chrétien-démocrate (et autres) tue notre camarade.

Je pense donc que toutes les initiatives possibles doivent être prises pour exiger la libération de Prospero et des autres camarades gravement malades et pour éviter que ne tombe un voile de silence qui serait fatal.

Encore une considération personnelle.

Lorsque je suis sorti de prison, ce mouvement m’a en quelque sorte adopté. Je vous en suis reconnaissant. J’ai trouvé du soutien, de l’humanité et de la chaleur.

J’ai fait un effort pour vous comprendre et souvent vous avez fait le même effort. Bien sûr, pour la plupart d’entre nous, nous avons des expériences différentes, mais c’est uniquement parce que j’ai vécu des vies politiques différentes. Ce que j’apprécie chez vous, c’est que vous avez vécu l’un des moments les plus difficiles de l’histoire du mouvement. C’est ce que nous vous avons laissé. Mais ne soyez pas naïfs, malgré les échecs, il reste l’exemple, le nôtre, d’une génération qui a osé.

J’espère que ces travaux dans lesquels nous sommes engagés pourront vous apporter les éléments de connaissance utiles à la compréhension des lumières et des ombres produites. Personnellement, je continue à croire que ce que Lénine a écrit dans Que faire ?

Un petit groupe compact, nous marchons sur une route raide et difficile, en nous tenant fermement par la main. Nous sommes de tous côtés entourés d’ennemis et devons presque toujours marcher sous leur feu. Nous nous sommes unis, en vertu d’une décision librement prise, précisément pour combattre nos ennemis et ne pas glisser dans le bourbier voisin.

C’est ce que Lénine a écrit…

Pour ce faire, nous avons besoin de points fixes : la garde jalouse de la mémoire, le dépassement des contradictions qui peuvent avoir une certaine validité dans les grands nombres et qui sont au contraire insensées dans une situation comme la nôtre. La politique pratiquée avec un sens constructif et agrégatif. De plus près, les centres sociaux ont peut-être satisfait de nombreux besoins, mais ils risquent de devenir une sorte de réserve. Au contraire, nous devons abattre tous les murs, y compris celui de notre cerveau. Il est essentiel, aujourd’hui plus que jamais, de se mêler aux gens et à tous leurs problèmes.

Sante Notarnicola, mars 1994, à la conférence de Bologne « Qui n’a pas de mémoire n’a pas de futur », organisée par le Centre Lorusso,

traduction BS pour Temps critiques

La nostalgia e la memoria (extrait) [8] [8]  – Extrait de La nostalgia e la memoria, PGreco…

Parfois
j’aimerais parcourir à nouveau
les rues de mon quartier
et j’aimerais retrouver
cette génération
qui s’est formée
avec le testament de Julius Fucik [9]

[9]  – Julius Fucik, symbole de la résistance contre les…
celui qui sous la potence
écrivit à nous et pour nous.

La génération
qui manifestait en rangs serrés
pour consoler papa Cervi [10]

[10]  – Alcide Cervi est une figure légendaire de la…
et pour se consoler.

Cette génération
qui désarmée
a recueilli le drapeau de la Résistance
avant que la bourgeoisie
ne l’agite de manière obscène.

Je voudrais me retrouver
avec les ouvriers pourchassés
par Scelba et Valetta
ceux de l’Officina Stella Rossa [11]

[11]  – Officina Stella Rossa (atelier Étoile rouge) est le…
les licenciés qui surent tenir.
Je voudrais me souvenir ici
des années cinquante
toutes une par une
jour après jour.

Rappeler les tourments
rappeler la faim
rappeler le froid,
le charbon
acheté par cinq kilos
et la cabane avec les pâtes trop cuites
et rien d’autre.

Puis les affrontements
juillet 60
et les gars violents
de la Piazza Statuto
avec des pavés dans les mains.

Je voudrais reparcourir
toute la via Cuneo
traverser la Stura, la Dora
et tout mon quartier
Je voudrais voir
une fois de plus
la vieille maison
avec les toilettes sur la coursive
Retrouver un instant seulement
mes vingt ans
avec celui qui pour la première fois
m’ appelé terrone
et m’a ensuite appris
que faire le jaune
était le plus grand crime.

Enfin, je voudrais me pencher
absorbé
par la liste angoissante
de ceux qui ne sont plus là
et je voudrais me cacher
dans la via Chiusella
la plus laide des rues
de mon quartier.

Me souvenir aussi des adieux
violents et féroces, de la colère.

Mais aussi
retrouver mes racines
dans ce quartier
plat comme l’âme
aussi vaste que l’orgueil
aimé et vécu
par cette génération
la plus malheureuse
la plus dure
la plus chère.

Sante Notarnicola,
traduction BS pou Temps critiques

[1]  – Cf. « La guerre civile en Espagne, 1973 : Violence et mouvement social », in Le mouvement communiste (MC), no 6, octobre 1973, p. 5-19 et la réponse en question : L’antifascisme dans un verre d’eau de Vichy, Ajax, Bériou, Brisset, Cicero, Will. Puis en nouveau contrepoint, celui de Jacques Barrot de 1974 « Violence et solidarité révolutionnaires. Le procès des communistes de Barcelone » dans la ligne de celui du MC.

[2]  – … et enfin de Temps critiques dans les années 90 jusqu’à son décès.

[3]  – Dans sa lettre du 8 avril 1972 de la prison de Lecce (op. cit., p. 200-5), Notarnicola répond à un camarade de ces groupes externes où il exprime la nécessité d’une organisation autonome des prisonniers, alors que dans sa lettre du 5 février 1972 du pénitencier de Noto au journal Il Manifesto, il insista plutôt, par principe, sur l’unité de classe par le fait que la majorité des prisonniers font partie de la classe des prolétaires.

[4]  – Introduction d’Erri de Luca à la seconde édition de L’Evasione impossibile, Odradek, 2005.

[5]  – Il ragazzo della via Gluck est une chanson d’Adriano Celentano, parue en 1966 et écoutée en boucle par une bonne partie de la jeunesse italienne de l’époque.

[6]  – Les Garçons de la rue Paul, roman de Ferenc Molnár (François Molnár) et film éponyme de Zoltán Fábri (sorti en 1969), tous deux adressés à la jeunesse.

[7]  – Le parti de la démocratie chrétienne (DC).

[8]  – Extrait de La nostalgia e la memoria, PGreco Edizioni, Milano, 2019. Ce titre a été interprété par le groupe Assalti Frontali dans l’album Terra di nessuno (1992).

[9]  – Julius Fucik, symbole de la résistance contre les nazis, écrivit Écrit sous la potence en prison avant d’être exécuté par les nazis en 1943.

[10]  – Alcide Cervi est une figure légendaire de la Résistance italienne, ses 7 fils participaient à ces mêmes actions et furent fusillés par les fascistes en 1943, Cervi fut surnommé « papa Cervi ». Décédé en mars 1970, une course cycliste, se déroulant chaque 1er mai, lui rend hommage depuis 1971 : le Trophée Papà Cervi, Coupe du 1er mai. Un film — sorti en 1968 après avoir longtemps été bloqué par la censure italienne — est consacré aux derniers jours de cette fratrie : I sette fratelli Cervi (les sept frères Cervi).

[11]  – Officina Stella Rossa (atelier Étoile rouge) est le nom, rebaptisé par les ouvriers de Fiat, d’un atelier de l’une des usines Fiat.

La verità di Sante Notarnicola

Le spine di Sante – Ostuni 2020

di Paolo Persichetti

Quattro anni fa, qualche tempo dopo l’uscita del primo volume sulla storia delle Brigate rosse (Brigate rosse, dalle fabbriche alla campagna di primavera, Deriveapprodi marzo 2017), scritto insieme a Marco Clementi ed Elisa Santalena, ho ricevuto una telefonata di Sante Notarnicola. Nel volume, dove un intero capitolo curato da Elisa si occupava della realtà carceraria (la grande stagione delle lotte dei detenuti, le commissioni interne, le proteste sui tetti, la dura repressione alle Murate e ad Alessandria, la riforma subito bloccata, la parabola dei Nap, la differenziazione, lo stato d’eccezione carcerario e le carceri speciali), inevitabilmente il nome di Sante, protagonista decisivo di quella stagione, tornava più volte. Raccontavamo anche lo scambio epistolare che ebbe con Primo Levi, riportando in particolare il passaggio in cui lo scrittore motivava il suo disaccordo sull’uso del termine «lager» (in una lettera del 5 settembre 1979), ampiamente in uso in quegli anni nel linguaggio e nelle pubblicazioni del movimento dei prigionieri e delle organizzazioni comuniste combattenti quando descrivevano le terribili condizioni di vita e il sistema detentivo messo in piedi nelle carceri speciali di massima sicurezza. Ad avviso di Primo Levi quel termine non era estensibile a realtà diverse da quelle esistenti nei campi nazisti, come Auschwitz. L’obiezione di Levi forte della sua sensibilità di reduce dell’olocausto sovrapponeva la realtà dei campi di sterminio ai campi di concentramento, un modello di internamento totale precedente l’esperienza del nazismo. Il grande scrittore successivamente si soffermava sull’opera poetica che Notarnicola aveva realizzato in carcere: «le tue poesie – scriveva – (alcune, come sai, le conoscevo già) sono belle, quasi tutte: alcune bellissime, altre strazianti. Mi sembra che, nel loro insieme, costituiscano una specie di teorema, e ne siano anzi la dimostrazione: cioè, che è poeta solo chi ha sofferto o soffre, che perciò la poesia costa cara» (p. 132).
Sante aveva chiamato per raccontarmi un fatto che lo aveva amareggiato molto. Il professor Agostino Giovagnoli, in un passo del volume dedicato al rapimento Moro, Il caso Moro, una tragedia repubblicana, aveva realizzato un falso storico nei suoi confronti. Nel raccontare le reazioni suscitate dal comunicato numero otto della Brigate rosse, nel quale in cambio della liberazione di Aldo Moro si chiedeva la scarcerazione di tredici prigionieri politici tra i quali figurava in testa alla lista il nome di Notarnicola, aveva scritto: «Sante Notarnicola si dissociò subito dalla richiesta brigatista», (p. 202). Non era affatto vero, per altro l’articolo di Giuliano Zincone, riportato in nota dal professore, non confermava affatto la circostanza mentre molti quotidiani di quei giorni, tra cui lo stesso Corriere della sera, avevano correttamente riportato la posizione di Notarnicola. Sante aveva cercato in ogni modo di raggiungere Giovagnoli per spiegargli l’errore e ottenere la correzione, ma non aveva mai ottenuto risposta. Mi raccontò i fatti e mi chiese di tornare su quell’episodio appena possibile, magari in una nuova edizione del libro, chiarendo come erano andate veramente le cose in quelle ore concitate nel supercarcere di Nuoro, dove era rinchiuso.

Oggi, che ci ha lasciato, voglio saldare la promessa che gli feci.
Dopo la diffusione del comunicato brigatista, il 30 aprile 1978, fu chiamato dal Direttore del carcere, che – circostanza davvero incredibile – lo lasciò solo nel suo ufficio davanti ad un telefono, «prendi tutto il tempo che vuoi e telefona a chi vuoi, se necessario», gli disse chiudendosi la porta alle spalle. Erano arrivati ordini ben precisi dai piani alti del ministero dove qualcuno sperava in questo modo di ottenere una presa di distanza, molto potente sul piano simbolico, da parte di Notarnicola.
All’altro capo del filo Sante riconobbe la voce di Valentino Parlato del manifesto che tentò in tutti i modi di convincerlo a prendere le distanze da quella richiesta di scambio, confidando sul lungo rapporto di stima e collaborazione costruito negli anni delle lotte carcerarie. La pressione fu notevole, e per Sante suonò come un ricatto dei sentimenti che ancora sembrava gli pesasse, ma disse no. La stessa cosa, raccontano le cronache dei quotidiani, avvenne poco dopo con Paolo Brogi, che chiamava per conto del quotidiano Lotta continua, giornale che più di ogni altro aveva dato voce alla stagione delle lotte e rivolte contro le condizioni di vita nelle carceri. Attraverso l’avvocato Giannino Guiso, il giorno successivo Notarnicola diffuse una breve dichiarazione che metteva fine ad ogni tentativo di separare i prigionieri dalla richiesta di liberazione avanzata dalle Brigate rosse: «L’unica soluzione è lo scambio, anche perché questo Stato l’unica riforma carceraria che sa fare è quella delle carceri speciali e l’unico modo per liberare i compagni prigionieri è quello portato avanti dalle Brigate rosse»1.

Chiudo queste righe con un altro racconto di Sante: l’arrivo di Franca Salerno a  Badu ’e Carros, il carcere speciale di Nuoro. Raccolsi la sua testimonianza per Liberazione alla morte di Franca, storica militante dei Nap. Sante parlava come un libro stampato, era una grande narratore di storie, ancora sento i brividi:
«Franca arrivò col suo bambino di pochi giorni. Occupava una sezione isolata, la vedevamo e la sentivamo. Ci fu subito la corsa a prendere le celle che davano sul suo lato. La sera si spegnevano tutte le televisioni e sul carcere calava un silenzio surreale. Cominciava così il dialogo. Anche se ero uno dei pochi compagni, e quindi avevo con lei un rapporto privilegiato, Franca era ben attenta a non trascurare nessuno. Il piccino fu subito adottato da tutta la comunità carceraria e così i pacchi di cibo che arrivavano dalle famiglie venivano mandati a lei. Una mattina, fatto insolito, mi urlò dalla cella. Improvvisamente il carcere si ammutolì. Il bambino stava male e le guardie non facevano niente. Franca mi chiese di chiamare il capo delle guardie. Quel silenzio totale risuonò per loro come una minaccia. Il maresciallo arrivò di corsa chiedendoci di restare tranquilli che il medico sarebbe arrivato entro 5 minuti. Una macchina era stata spedita a prenderlo. “Avete rischiato molto – gli dissi -, siete feroci ma non potete immaginare quanto potremmo diventarlo noi per una cosa del genere”». Sante si ferma, è commosso. «Quanta forza venne dai Nap, organizzazione fatta di studenti e detenuti. Di fronte allo sfacelo che c’è oggi nelle carceri, a Franca vorrei dire “avevate ragione voi”».

Ciao Sante!

  1. Corriere della sera, 1 maggio 1978; Tutto quotidiano, 1 maggio 1978.

Sante Notarnicola, ritratto dal vivo


di Francesco Piccioni, Contropiano 23 Marzo 2021

Non so da dove cominciare. Avevo, come tutti, divorato il suo libro L’evasione impossibile. E dopo aver letto pensavo di aver capito, se non proprio di conoscerlo. Ero giovane, a quel tempo. Non avevo molta esperienza da confrontare. E senza quella, è meglio stare zitti. Sempre, anche oggi.
Pochi anni dopo ero già uno “vecchio”, ossia uno che ne aveva passate parecchie, e dunque sapevo che tra il fare e il raccontare la differenza è tanta. E che, se sei una persona seria, le cose più importanti spesso ti restano nella penna.
Quando sono arrivato nelle carceri speciali, però, ho visto che anche l’essenziale era in qualche modo sgocciolato dalla penna di Sante. Sarà che l’Asinara era proprio come te l’aspettavi, dopo due traghetti e un’ora di viaggio in jeep verso Fornelli, al capo opposto di Cala d’Oliva. Tra un mare che non si vede da nessun’altra parte e facce da bruti in divisa. Senza manette, “perché tanto, ‘ndo vai?
Nelle carceri speciali c’erano solo compagni arrestati per “cose serie”, come sempre divisi per gruppi organizzati differenti. Oppure “detenuti comuni” che erano in genere davvero fuori dal comune. A quel tempo le rapine erano affare di piccole “batterie”, gruppi di amici nati come noi nei quartieri e poi cresciuti insieme. I sequestri di persona avvenivano a decine, anche contemporaneamente, e chi li faceva – una volta preso – finiva lì, mica nella “casa circondariale” vicino casa.
Tutta gente che pensava alla fuga, e ne era capace. Che “si pesava” per quel che aveva dimostrato di saper fare, non per le chiacchiere. Se non sai fare, stai zitto. E impari.
Pochi i mafiosi, e minori; pochi quelli della ‘ndrangheta. Ancora non erano diventati “nemici” da combattere. E anche di camorristi, nel 1980, non ce n’erano tantissimi. Niente spacciatori, nix papponi.
Tanti gruppi, tante “etiche”, tante appartenenze diverse. Sante viaggiava a un altro livello. Si era guadagnato negli anni il rispetto di tutti, a prescindere dal “reato” e dal “giro”.

L’epopea della “banda Cavallero” era finita da oltre un decennio. Ci aveva fatto un film Carlo Lizzani, a metà strada tra il riconoscimento e la condanna (neanche il Pci, allora, poteva ignorare che quei “banditi” erano nati a Mirafiori, tra i suoi militanti che sognavano la Rivoluzione). E non era già più il tempo in cui qualche attrice famosa “chiedeva i colloqui” per conoscerlo.
Non era per quello che tutti lo salutavano. Era quello che aveva fatto dentro il carcere che girava di bocca in bocca, di generazione in generazione di detenuti. Grandi e piccole cose, magari solo la certezza che – se arrivavi a tarda sera, dopo cena, dove c’era lui – ti sarebbe arrivato un piatto di pasta, un caffè, qualche sigaretta. Sei qui, sei dei nostri, non sei solo in mezzo alle guardie. E non devi dare nulla in cambio.
C’era stato il periodo delle rivolte, quando “i dannati della terra” erano stati capaci di rivendicare una dignità che la “società perbene” negava loro. E lui era stato tra i maestri silenziosi, senza strepiti e “coatteria”. Seminava consapevolezza, coscienza, conoscenza, attenzione al vicino di cella, previsione delle mosse del nemico, cura nel racconto per far capire “fuori” cosa succedeva “dentro”.
Aveva insegnato, insomma, a superare il “paradosso del prigioniero”, che porta all’isolamento e all’inazione; a scoprirsi simili in quella condizione, quindi con interessi comuni e diritti da rivendicare. Cose da fare insieme, costruendo fiducia reciproca nell’universo più individualista che c’è.
A lui, spesso, i detenuti affidavano le trattative rognose. Quelle da fare con i direttori e gli sbirri durante una rivolta. Quando devi essere calmo, lucido, sapere dove vuoi andare e capire “il nemico” cosa intende fare. “Piccolo grande uomo”, proprio come nel film di Arthur Penn…
Lo avevano chiamato, per questo, anche a Favignana, un’Asinara di Sicilia, con le celle nel fossato di un vecchio castello sulla collina. Un detenuto comune, uno qualsiasi che chissà cosa voleva, aveva “sequestrato” il giovane magistrato di sorveglianza con cui aveva “chiesto udienza”.

Erano anni strani, questi gesti avvenivano spesso, anche per obbiettivi individuali (un trasferimento più vicino casa, un colloquio negato, ecc). Ma i carabinieri di Dalla Chiesa a volte intervenivano quasi motu proprio, in quelle situazioni. Facendo strage “imparzialmente”, di detenuti e ostaggi. Senza remore, come ad Alessandria, nel 1974.
La “trattativa” da fare in quel caso era semplice ma definitiva. Bisognava convincere il detenuto a lasciar libero il magistrato, entro poco tempo. Le teste di cuoio stavano già scalpitando al portone d’ingresso.
Chiamarono Sante e non altri, perché solo da lui quel povero matto di prigioniero avrebbe potuto forse accettare un consiglio. E salvarsi la vita.
Sante lo convinse e a chi lo ringraziava – il direttore, qualche impiegato civile – rispose che lo aveva fatto solo perché gli interessava la vita del suo compagno di galera.
Lo ringraziò anche il magistrato, che sapeva quanto lui cosa sarebbe successo in caso contrario. Era destinato a una grande carriera, quel giovanissimo giudice, Giovanni Falcone…
La grandezza di Sante era nel saper stare da solo, se necessario, in un mondo dove è importante – spesso decisivo – “stare in gruppo”. Fuori da ogni organizzazione, “batteria”, gruppo omogeneo. Poteva parlare con tutti, e tutti lo ascoltavano. Restando ognuno quel che era, trovando il modo per farlo.
Era stato inserito nella lista dei 13 prigionieri di cui le Brigate Rosse, ad un certo punto, chiesero la libertà in cambio della vita di Aldo Moro. Un “grande”, insomma, di cui si parlava in ogni carcere d’Italia.
E lui scriveva poesie, quando la porta veniva chiusa sbattendo e le due mandate di serratura ti auguravano la buonanotte. Cercava di mantenere l’irrequietezza della vita tra muri di cemento armato. E ci riusciva.
Se le scambiava, nel cortile, con gli altri poeti prigionieri. Con Horst Fantazzini, Agrippino Costa, con chiunque provasse la stessa inquietudine.
Quando pubblicò la sua prima raccolta di versi, finì che una copia venne fatta arrivare a Primo Levi. Oggi un intellettuale “affermato”, che magari vale un’unghia dell’autore di “Se questo è un uomo”, griderebbe alla provocazione, chiamerebbe carabinieri e giornalisti per levarsi di dosso l’ombra del sospetto di una simpatia verso un prigioniero di quelle “dimensioni”.
Il partigiano che era sopravvissuto ad Aushwitz rispose. Apprezzando, commentando, consigliando, “entrando nel merito”. La grandezza si riconosce reciprocamente, a prima vista. Se hai visto certe cose, parli la stessa lingua. E non la può capire nessun altro.
Visse con noi, ex ragazzi di un’altra generazione, la nostra sconfitta, le divisioni, i tradimenti, le dissociazioni. In una “sezione” di carcere li vedevi trasformarsi di giorno in giorno, mutare lo sguardo, svuotare di vita gli occhi, assumere la postura di chi simula qualcosa che non è più. E poi una mattina, o una sera, venivano portati via, verso carceri più accoglienti.
Quando comunque si scherzava, quasi ogni giorno, lo potevi sentir rivendicare il paese dov’era nato, Castellaneta, vicino Taranto. Perché c’era nato pure Rodolfo Valentino, e dunque…

Qualche anno dopo, nella solita alternanza tra periodi durissimi e momenti di “allentamento”, qualcuno decise che poteva cominciare ad uscire. Dopo “venti anni, otto mesi e un giorno”, come scrisse in una delle prime poesie da semilibero. Perché anche quel singolo giorno, lui, se lo ricordava.
Ci salutò, nello “speciale” di Cuneo, quasi scusandosi di lasciarci lì mentre lui andava a riveder le stelle e a dilatare finalmente gli occhi per raggiungere un orizzonte più lontano del muro di cinta. Noi gli facevamo festa, lo spingevamo fuori, “che cazzo stai a fare ancora qui?”. A parole, certo, ognuno dalla sua cella. Sante era libero, o quasi.
Trovò un altro mondo. Tra sbirri in borghese che ne scrutavano ogni passo e compagni disperatamente ingenui, generosi e casinisti. Restò fuori da ogni “giro” organizzato, anche questa volta. Preferendo la libertà di parlare solo se voleva e come sapeva. Di raccontare per far sapere, non per indottrinare. Scegliendo gli amici con cura, per carattere e per prudenza. Non gli piaceva restare deluso dalle persone che accoglieva.
Preferì rischiare anche con il lavoro. Invece di restare nelle pieghe e nelle piaghe del “privato sociale”, delle cooperative più o meno dipendenti dalla mangiatoia del Pds-Pd o come si chiama adesso, aprì il Mutenye, pub del Pratello subito meta della compagneria bolognese. Un luogo dello spirito, finché ebbe le forze per stare dietro il bancone tutte le sere.
La sua militanza si concentrò sulla Storia e le storie. Non c’è stato professore decente, dalle sue parti, che non finisse a parlare con lui, a impostare una ricerca, un’idea. La Resistenza sui colli era stata dura, cruenta e dimenticata nel solito modo della “sinistra” di merda. Rendendola un’icona da tirar fuori una volta l’anno, facendo l’opposto per 364 giorni.
Mi portò, pochi anni fa – perché i meno vecchi di lui uscirono anche loro dopo “venti anni…” e più – ai Sabbioni, sull’orlo del piccolo abisso dove i nazisti avevano fucilato un mucchio di partigiani. Mi portò a Monte Sole, sulle colline di Marzabotto, a stare in silenzio in quel dannato cortile di una strage di massa, coi buchi delle pallottole ancora sui muri e la tomba di Giuseppe Dossetti davanti ai piedi.
A misurare l’enormità delle contraddizioni rivelate quel prete tra i fondatori della Democrazia Cristiana e persino presidente (un altro…), che era stato fascista e poi partigiano e alla fine aveva voluto essere seppellito lì.
La ricerca su Monte Sole si trova ancora, da qualche parte. Io la farei leggere a tanti…
Non so come finire. Una vita così lunga, ricca, faticosa, piena, un compagno e un amico… è quasi un’offesa rinchiuderla in così poche battute. Spero che non me vorrai. Tu sei più bravo a dire molto con poche parole. Ciao, Sante.

Il saluto di Sante Notarnicola a Salvatore Ricciardi


Salvatore, giorni fa mi ha telefonato Paolo. Mi ha informato della tua caduta e delle tue condizioni, le tue tribulazioni. Hai sofferto molto, lo so, lo immagino. Quelle ferite sono insopportabili, come la galera con i suoi isolamenti, la sua ferocia, la sua inutilità. E mi colpisce ancora il modo in cui sei caduto – non c’erano compagni più giovani per fissare lo striscione? Conosco il meccanismo: è la scuola che ci ha formati, anticipare chiunque e comunque, a costo di rompersi e così è stato per te…
Il virus mi impedisce molte cose, avrei voluto accompagnarti e intanto parlarti e ricordarti la finestrella della tua cella nel carcere di Cuneo dove si vedeva tutto intero il Monviso innevato.
Anche per questo accettavo l’invito per la cena quando era possibile la socialità. E con essa i ricordi della militanza, la tua e dei tuoi compagni.
Mi sento assai povero, mi manca Prospero, mi manca Angelo Basone, Picchiura, Vic e tanti altri: un elenco triste. Restano i tuoi scritti che divulgheremo. Sai da tempo mi è caduto addosso il silenzio, non sono più il grafomane i quel tempo e anche le poesie sono rare.
Osservo, ascolto, taccio. Sicuro: è l’età.
Buon viaggio compagno. Grazie di tutto.
Appena libero dal virus voglio raggiungere il Monviso per un saluto speciale per te e per me stesso

Sante Notarnicola

Il funerale che li seppellirà

Vogliono criminalizzare un funerale, finiranno seppelliti dal ridicolo!

Da ieri sappiamo (leggi su Contropiano) che ci sono 4 persone indagate per aver partecipato ai funerali di Prospero Gallinari lo scorso 19 gennaio 2013. L’ipotesi di reato sarebbe quella di apologia della lotta armata (il che spiegherebbe l’avocazione delle indagini da parte della procura distrettuale di Bologna cui fanno capo le inchieste sui fenomeni sovversivi e terroristici dell’Emilia-Romagna), e forse anche di istigazione a delinquere. Le notizie non sono ancora molto chiare, come non è affatto chiaro il dispaccio Ansa in cui si afferma che la procura avrebbe già richiesto l’archiviazione mentre la domanda di proroga delle indagini di altri 6 mesi sarebbe solo un fatto tecnico. Senza entrare in tecnicismi eccessivi è evidente che le due cose sono incompatibili: o si richiede l’archiviazione o si domanda una proroga delle indagini a meno che non sia stata richiesta l’archiviazione per un titolo di reato e il proseguio delle indagini per l’altro. Resta il fatto che è già abnorme aver aperto una inchiesta giudiziaria su una vicenda del genere.
Vedremo nei prossimi giorni quando saranno recapitate tutte le notifiche e forse capiremo anche come si è riusciti ad indagare per apologia chi addirittura non ha pronunciato alcun discorso pubblico (uno dei 4 indagati).

Intanto leggetevi oltre al pezzo apparso ieri su Contropiano questo commento di Baruda.

La cerimonia di saluto
Il discorso: “A Prospero Gallinari. Fine di una storia la storia continua
Tutti a Coviolo per salutare Prospero Gallinari la cerimonia si terrà domani 19 gennaio alle-14-30
Ciao Prospero
In diretta da Coviolo immagini e parole della cerimonia di saluto a Prospero Gallinari/1
In diretta da Coviolo in migliaia per salutare Prospero Gallinari/2
La diretta twitter dai funerali
Ciao Prospero
Gli assenti
Scalzone: Gallinari come Prospero di Shakespeare, “la vita è fatta della stessa sostanza dei sogni”
Fine di UNA storia, LA storia continua
Mai alcuna confessione di innocenza, Prospero

Testimonianze
“Volevo dirgli grazie per avermi fatto capire la storia di quegli anni”. Una testimonianza sui funerali di Prospero Gallinari
Perché sono andato ai funerali di Prospero Gallianari by Stecca
In memoria di Prospero Gallinari di Oreste Scalzone
Al funerale di Gallinari la generazione più felice e più cara
Su Prospero Gallinari
Da contromaelstrom.com – Ciao Prospero, amico e fratello
Gallinari e il funerale che andava fatto anche per gli altri
Un contadino comunista nelle lotte di classe degli anni 70

Riflessioni
Irriducibili a cosa?
Ancora una volta Prospero Gallinari ha spiazzato tutti
Laboratorio Aq16, Gli anni 70 che non finiscono mai. Riflessioni sulla cerimonia di saluto a Prospero Gallinari

La storia
Quadruppani – Mort d’un combattant
Bianconi – I parenti delle vittime convocati via posta per perdonare Gallinari
Prospero Gallinari chiede la liberazione condizionale e lo Stato si nasconde dietro le parti civili
“Eravamo le Brigate rosse”, l’ultima intervista di Prospero Gallinari
Prospero Gallinari quando la brigata ospedalieri lo accudì al san Giovanni
Gli avvoltoi s’avventano sulla memoria di Prospero Gallinari
Gallinari è morto in esecuzione pena dopo 33 anni non aveva ancora ottenuto la libertà condizionale
Prospero Gallinari un uomo del 900
Chi era Prospero Gallinari?
Gallinari e Caselli, il confronto tra cattivi maestri e bravi bidelli
Gallinari, Gotor e le lettere di Moro
Caselli Prospero Gallinari e i cattivi maestri
In risposta a Caselli su Gallinari

La denuncia
www.contropiano.org, 4 indagati per un funerale, quello di Prospero Gallinari

Stavolta i link li metto in apertura invece che ha fine post

Per far capire alla procura di Bologna che se ha intenzione di andare avanti con questa ridicola pantomima allora da lavorare avrà veramente tanto.
Quel giorno a salutare Prospero Gallinari eravamo un migliaio, sotto la neve fitta, dopo che i treni da tutta la penisola ci avevano fatto ritrovare a Coviolo, in provincia di Reggio Emilia.
Un saluto struggente, non retorico, dolce e combattivo quello che in tanti abbiamo portato ad un uomo che non ha mai scambiato la sua dignità per un po’ di libertà, che non ha aperto un conto di cambiali con lo Stato per riappropriarsi della sua vita come in troppi hanno fatto,
che è morto detenuto, fino all’ultimo battito del cuore.
Un uomo tutto intero, con la sua storia in tasca e nello sguardo: un uomo il cui funerale andava proprio fatto così,
nel calore di tanti, tra i canti e le bandiere, tra i sorrisi e quei bicchieri di vino a farci sentire tutti una cosa sola.
Prospero quel giorno ce ne ha fatti tanti di regali,
Prospero quel giorno ha riso con noi, circondato da quella banda di vecchi amici che l’hanno salutato a pugno chiuso e sorriso sul volto,
così come un rivoluzionario va salutato.

Ora … non so che paura possano farvi…
non so come facciate ad aver paura di una generazione ormai anziana, che avete martoriato con ergastoli, isolamento e tortura…
ma che non avete completamente piegato, anzi.
Di che avete paura? Del fatto che ancora siamo vivi, che ancora cantiamo, che il fischio che scaldava le piazze e poi le celle, e poi i tavolacci delle torture, ancora scalda i cuori e scioglie la neve?
Se avete paura di questo allora inquisiteci tutti, questa “istigazione a delinquere in concorso” non è solo per Sante, Tonino, Salvatore (che oltretutto non ha preso parola) e Davide… eravamo mille.
Tutti e mille ci abbiamo messo cuore e faccia… che la procura di Bologna bussi pure,
se ha paura dei morti e del ricordo che portiamo dentro, faccia pure….

Due anni fa moriva Franca Salerno storica militante dei Nap

showimg2-2-cgiFranca Salerno, militante dei Nap durante gli anni 70, sedici anni di carcere duro sulle spalle, un figlio nato in prigione poco dopo l’arresto, moriva due anni fa a Roma dopo aver resistito a lungo contro la malattia. Antonio, il figlio che aveva tenuto con sé in cella nei primi anni di vita l’aveva perso cinque anni prima, ormai uomo e impegnato politicamente in uno dei centri sociali della Capitale, l’Acrobax, portato via da un incidente sul lavoro. Le foto d’archivio in bianco e nero di Maria Pia Vianale e Franca Salerno col bimbo nel grembo, riprese mentre sorridono dietro la gabbia di un’aula giudiziaria, provocano oggi quasi un senso di vertigine. Una distanza siderale le separa dalle figure femminili che la cronaca politica diffonde in questi giorni. Vianale e Salerno furono le prime donne ad evadere. Era il 22 gennaio 1977 quando, aiutate da altri tre militanti giunti dall’esterno, scalarono le mura del carcere di Pozzuoli. Impresa pagata a caro prezzo. Dopo quella fuga i loro volti furono diffusi ovunque e la loro cattura divenne un’ossessione per le forze di polizia. Franca Salerno ebbe modo di raccontare anni dopo che al momento dell’arresto: «se non ci fosse stata la gente a guardare dalle finestre sarebbe stata un’esecuzione. Ero incinta e mi picchiarono. Erano fuori di sé perché eravamo donne. Averci prese, per loro, era una vittoria anche dal punto di vista maschile»… Continia a leggere


Per saperne qualcosa di più
Morta Franca Salerno, storica militante dei Nap

Vaglielo a spiegare, oggi, che quarant’anni
anni fa si poteva arrivare alla lotta armata partendo dalla vita on the road
Un libro sulla storia dei Nap
Una vecchia intervista a Franca Salerno
L’evasione di Franca Salerno e Maria Pia Vianale

Ancora una volta Prospero Gallinari ha spiazzato tutti. Ai suoi funerali si è riaffacciata la “memoria del cambiamento”

Dopo le testimonianze cariche di emozione sulla morte di Prospero Gallinari e i suoi funerali, cominciano ad arrivare anche le riflessioni sul significato della sua storia e sullo scalpore suscitato nell’establishement dall’affollata partecipazione alla cerimonia di saluto. Come promesso, nel limite delle possibilità di questo piccolo blog, continuiamo a pubblicare i materiali che ci arrivano o ci vengono segnalati.

Non so se stiamo assistendo ad un risveglio della «memoria del cambiamento», come si sostiene nel commento che segue. Personalmente ho una interpretazione più pessimistica della situazione “mentale”, ancor prima che culturale e politica dell’Italia. Più che sul “noi” le reazioni suscitate dai funerali di Gallinari hanno attirato il mio interesse su “loro”.
La preoccupata attenzione verso quella che il criminologo Giulio Vasatauro, uno dei primi a commentare i fatti, ha definito «un evento politico di cui va colta la portata», a mio avviso, è un rivelatore interessante dello scarto che separa il ceto politico-istituzionale, il mondo dei media, i poteri economico-finanziari, l’intero establishement, dal Paese reale.

Per dare una spiegazione a questa inquietudine improvvisa, più che la categoria della rimozione torna utile quella della forclusione, che Oltralpe alcuni studiosi del conflitto sociale e dell’azione collettiva (tra loro Isabelle Sommier) hanno preso in prestito dalla psicoanalisi lacaniana.
Provo a dare una definizione: a differenza della rimozione, ciò che viene negato (il significante che in questo caso è l’insediamento sociale della lotta armata, le dimensioni di un progetto che aveva radici nel contesto socio-politico degli anni 70) non è integrato nell’inconsciente del soggetto (dunque gli appartiene ma per difesa viene respinto nel profondo della psiche) ma è espunto.
Per questa ragione ciò che è negato non riemerge in superficie dall’interno del soggetto ma viene percepito come qualcosa che proviene dal seno del reale. In psicologia clinica si parla di fenomeno psicotico e non nevrotico.
L’effetto è quello di presentificare nel reale proprio ciò che è stato abolito simbolicamente dalla coscienza pubblica, in questo caso dalla memoria, dando luogo a fenomeni allucinatori. Quel che accade periodicamente in Italia ogni qualvolta l’attualità riporta al centro la memoria degli anni 70


La rivoluzione è un fiore che non muore, perché non può morire

Si può descrivere il divenire della storia come la stratificazione di momenti, istantanei fotogrammi di una incessante trasformazione.
Quella di raccontare la storia è in generale prerogativa di chi ha diritto di parola ed in caso di un conflitto questa è la parola del vincitore. Dice Fromm: “Il rivoluzionario che ha successo è uno statista, quello che non ha successo un criminale1” come a dire che la descrizione della storia porta in sé il germe del giudizio. Proclamerà a gran voce nome di chi ha vinto e di chi ha perso e spiegherà come il filo dell’avere ragione conduca necessariamente, fotogramma dopo fotogramma, alla bocca di chi, solo, può parlare – di chi, per primo, deve essere ascoltato.
Il conflitto che muove la storia, sebbene sia raccontato a posteriori dal vincitore, è però guidato dagli sconfitti. È solo seguendo le loro mosse e confrontandosi sul loro campo che il vincitore si dimostra tale. Il primo principio agente, motore della storia, è quello di chi perde.
Da qui partono gli studi sulla storia non ufficiale, in particolare le ricerche sulla storia orale, di cui, grazie a Montaldi, Portelli, Bermani e molti altri, in Italia siamo maestri.
L’impronta della sconfitta è riconoscibile, in positivo, non tanto nei singoli fotogrammi, quanto nella loro successione. Il mutamento prodotto dal conflitto è il mutamento generato da una sconfitta. Il fotogramma mostrato dal vincitore, invece, è immobile e piatto, una stampa in negativo del motore che l’ha prodotto. Le immagini della sconfitta, che traspaiono nelle tracce della stratificazione degli istanti di tempo, possono divenire materia per gli storici ma, pur impregnando di sé il tessuto sociale, difficilmente riescono a trovare una sintesi e a farsi racconto proprio.
La memoria opera sulla storia giocando tra questi due piani: il racconto del presente come istantanea statica, fotogramma inverso del mutamento, e la narrazione, come caleidoscopio delle tracce stratificate, momento generativo del divenire.

— o —

Sarà per questo che nella sua ultima battaglia il compagno Prospero Gallinari, in barba a tutti, ce l’ha fatta ancora. Dopo aver beffato più volte la morte, ora che questa l’ha preso, lui riesce ancora a stupire chi, attaccato alla descrizione statica della storia, scopre che il fotogramma che ha in mano non è che il riflesso distorto di qualcosa che ne è l’esatto opposto.
Sarà forse per questo che la massiccia presenza ai funerali di Prospero, brigatista non pentito né dissociato, ha generato tanto interesse e tanto scalpore.
In Italia abbiamo da anni una media di 3/4 morti sul lavoro al giorno (tra ufficiali e non); la precarietà diffusa genera insicurezza e timore del futuro; la clandestinità è divenuta una pratica comune per i milioni che sono di un altro paese e su questa prende forza il ricatto estremo che si esercita sulle loro vite sussunte dal ciclo della produzione di valore… se prima c’erano 10 motivi ora ce ne sarebbero 502
Ogni afflato di rivolta smuove questa stratificazione più di quanto non riesca a fermarla qualsiasi richiamo alla dottrina dello Stato Democratico.
Chi pensa e scrive che molti italiani siano vittime di “una perdita di memoria che sconfina nell’amnesia3” si sbaglia. Si intravede, a tratti, il risveglio di una memoria più profonda e radicata, la memoria del cambiamento.

tommaso gennaio 2013

 NOTE

1 E. Fromm, Fuga dalla libertà (Escape from freedom), 1941
2 Sante Notarnicola
3 Giancarlo Caselli, citando Barbara Spinelli, http://www.antimafiaduemila.com/2013011840744/attualita/il-paese-dei-soliti-cattivi-maestri.html


La cerimonia di saluto
Il discorso: “A Prospero Gallinari. Fine di una storia la storia continua
Tutti a Coviolo per salutare Prospero Gallinari la cerimonia si terrà domani 19 gennaio alle-14-30
Ciao Prospero
In diretta da Coviolo immagini e parole della cerimonia di saluto a Prospero Gallinari/1
In diretta da Coviolo in migliaia per salutare Prospero Gallinari/2
La diretta twitter dai funerali
Ciao Prospero
Gli assenti
Scalzone: Gallinari come Prospero di Shakespeare, “la vita è fatta della stessa sostanza dei sogni”
Fine di UNA storia, LA storia continua
Mai alcuna confessione di innocenza, Prospero

Testimonianze
“Volevo dirgli grazie per avermi fatto capire la storia di quegli anni”. Una testimonianza sui funerali di Prospero Gallinari
Perché sono andato ai funerali di Prospero Gallianari by Stecca
In memoria di Prospero Gallinari di Oreste Scalzone
Al funerale di Gallinari la generazione più felice e più cara
Su Prospero Gallinari
Da contromaelstrom.com – Ciao Prospero, amico e fratello
Gallinari e il funerale che andava fatto anche per gli altri
Un contadino comunista nelle lotte di classe degli anni 70

Riflessioni
Ancora una volta Prospero Gallinari ha spiazzato tutti
Laboratorio Aq16, Gli anni 70 che non finiscono mai. Riflessioni sulla cerimonia di saluto a Prospero Gallinari

La storia
Quadruppani – Mort d’un combattant
Bianconi – I parenti delle vittime convocati via posta per perdonare Gallinari
Prospero Gallinari chiede la liberazione condizionale e lo Stato si nasconde dietro le parti civili
“Eravamo le Brigate rosse”, l’ultima intervista di Prospero Gallinari
Prospero Gallinari quando la brigata ospedalieri lo accudì al san Giovanni
Gli avvoltoi s’avventano sulla memoria di Prospero Gallinari
Gallinari è morto in esecuzione pena dopo 33 anni non aveva ancora ottenuto la libertà condizionale
Prospero Gallinari un uomo del 900
Chi era Prospero Gallinari?
Gallinari e Caselli, il confronto tra cattivi maestri e bravi bidelli
Gallinari, Gotor e le lettere di Moro
Caselli Prospero Gallinari e i cattivi maestri
In risposta a Caselli su Gallinari

Al funerale di Gallinari la generazione «più felice e più cara»

Un grazie doppio a Mario Gamba per questo racconto della cerimonia di saluto a Prospero Gallinari tenutasi ieri a Coviolo, presso Reggio Emilia e per aver replicato a chi in questi giorni ha calunniato la storia politica di Prospero con etichette che non gli sono mai appartenute. Senza dubbio l’articolo più bello uscito sui giornali di oggi che, al di là dei resoconti e dei commenti nella gran parte dei casi (come era prevedibile) apertamente ostili, in altri più misurati e in alcuni persino rispettosi, hanno dovuto prendere atto che una delle memorie negate di questo Paese sopravvive eccome. Secoli di carcere, dietrologie calunniose e anatemi non sono riusciti a cancellarla

 

Mario Gamba
il manifesto
20 gennaio 2013

funerali_gallinari_fotogramma_8_jpgHanno detto di lui che era un rivoluzionario d’altri tempi. Per via della continuità con la tradizione comunista insurrezionalista, coltivata a Reggio Emilia, la sua città (però lui abitava nel contado). Hanno detto che era stalinista e che non avrebbe esitato a far fuori un sovversivo tipo ’77, presumibilmente «creativo» e fricchettone oppure sostenitore dell’operaio sociale e del non-lavoro, se gliel’avessero chiesto. Sicuri? Qualcuno davvero gli ha fatto domande su questi argomenti, prima, durante e dopo la sua avventura con le Br? Soprattutto durante. Perché è innegabile la sua crescita politica all’ombra delle grandi narrazioni resistenziali e comuniste, ma è anche innegabile il suo ingresso nella lotta rivoluzionaria armata nel crogiuolo delle nuove lotte e delle nuove culture sessantottesche e oltre.
Prospero Gallinari deve aver contattato tanti generi di persone dopo il ’68. E quel che è certo è che senza la grande ondata di quegli anni, senza le sfaccettature, con tante impronte libertarie ben visibili, di quegli anni, non gli sarebbe venuto in mente di colpire, armi in pugno, il «cuore dello stato». Adesso è qui, in una bara avvolta in un drappo rosso con falce e martello. Tra qualche giorno sarà in un’urna di ceneri che non saranno disperse al vento come quelle del padre dell’operaio edile di Riff Raff di Ken Loach, ma tumulate nella tomba di famiglia. Nel cimitero di Coviolo, frazione di Reggio, il rito dell’ultimo saluto è sì, forse, di quelli d’altri tempi. Come quando si accompagnavano i morti di Reggio Emilia nel 1960, quelli che Fausto Amodei chiamava a «uscire dalla fossa», e i morti giovani, di anni dopo, gli anni dell’Orda d’oro, come l’hanno intitolata Nanni Balestrini e Primo Moroni, studenti del Ms come Roberto Franceschi, anarchici come Franco Serantini. Saluto a pugno chiuso. Ebbene sì. Si può persino essere imbarazzati, si può pensare che va evitata ogni retorica. Ma volevate non esserci a questo funerale di un combattente per la rivoluzione? Volevate risparmiare quelle lacrime che inevitabilmente a un certo punto vi scendono lungo le gote? Succede, per esempio, quando uno dei suoi compagni legge un ricordo collettivo: «… ti rasserenava al termine di ogni discussione… la sensazione di aver ricevuto qualcosa e la convinzione che il Gallo avesse preso qualcosa…». È un convegno brigatista questa cerimonia così fervida e così laica? Ce ne sono tanti dei compagni d’arme (e stavolta non è un modo di dire) di Gallinari, anche quelli che si trovarono in dissenso con lui. Curcio, Balzerani, Senzani, Fiore, Seghetti. Storie e destini diversi dai suoi, qualcuno più tormentato rispetto a lui che, semplicemente, nel 1988 aveva firmato un documento in cui si riconosceva finita e sconfitta la lotta armata. E dopo aveva vissuto sereno, per quel che può esserlo un uomo mitragliato alla testa e scampato a vari infarti. Ma c’è tanta gente qui al cimitero di Coviolo. Almeno un migliaio di persone. Non tutti ex brigatisti. Ci sono vecchi e giovani, amici del posto, ragazzi dei centri sociali, militanti della sinistra senza paraocchi venuti da vicino e da lontano. Solo un piccolo striscione rosso: «La rivoluzione è un fiore che non muore». Clima teso, tremendo, come in Germania in autunno, ultimo episodio di quel film a dieci firme, Fassbinder, SchlSchlöndorff, Kluge, Reitz tra gli altri, i funerali di Andreas Baader, Gudrun Ensslin e Jan Raspe, i tre «suicidi» di Stammeim? Ma no. Gli agenti della Digos si tengono a distanza, gironzolano, occhieggiano. Gli amici e i compagni di Prospero si raccolgono tranquilli e commossi a commemorarlo. Ognuno a modo suo, chi in forma epigrammatica chi con piccoli comizi. Tonino Paroli: «Non chiamateci terroristi, non lo siamo mai stati». Oreste Scalzone: «Prospero sentiva l’appartenenza ma non come un Rodomonte». Sante Notarnicola: «Vorrei ricordare la generazione degli anni ’50 e ’60, la più pura, la più infelice, la più cara». Facce segnate dal tempo e da delusioni cocenti? Se si vuole, sì. Ma dove non si trovano in giro per le città? Per un amore perduto, per un flirt finito male. E la rivoluzione è un amore grande, un flirt potentissimo. Sempre a cercare, noi, che finisca meglio.

La cerimonia di saluto
Tutti a Coviolo per salutare Prospero Gallinari la cerimonia si terrà domani 19 gennaio alle-14-30
Ciao Prospero
In diretta da Coviolo immagini e parole della cerimonia di saluto a Prospero Gallinari/1
In diretta da Coviolo in migliaia per salutare Prospero Gallinari/2
La diretta twitter dai funerali
Ciao Prospero
Gli assenti
Scalzone: Gallinari come Prospero di Shakespeare, “la vita è fatta della stessa sostanza dei sogni”
Fine di UNA storia, LA storia continua
Mai alcuna confessione di innocenza, Prospero

Testimonianze
In memoria di Prospero Gallinari di Oreste Scalzone
Al funerale di Gallinari la generazione più felice e più cara
Su Prospero Gallinari
Gallinari e il funerale che andava fatto anche per gli altri

La storia
Bianconi – I parenti delle vittime convocati via posta per perdonare Gallinari
Prospero Gallinari chiede la liberazione condizionale e lo Stato si nasconde dietro le parti civili
“Eravamo le Brigate rosse”, l’ultima intervista di Prospero Gallinari
Prospero Gallinari quando la brigata ospedalieri lo accudì al san Giovanni
Gli avvoltoi s’avventano sulla memoria di Prospero Gallinari
Gallinari è morto in esecuzione pena dopo 33 anni non aveva ancora ottenuto la libertà condizionale
Prospero Gallinari un uomo del 900
Chi era Prospero Gallinari?
Gallinari e Caselli, il confronto tra cattivi maestri e bravi bidelli
Gallinari, Gotor e le lettere di Moro
Caselli Prospero Gallinari e i cattivi maestri
In risposta a Caselli su Gallinari

E’ morta Franca Salerno, storica militante dei Nap

Impegnata nelle lotte contro le istituzioni totali
Domani si terrà una cerimonia civile presso il centro sociale Acrobax a Roma dalle 13 alle 16

Paolo Persichetti
Liberazione 4 febbraio 2011

Franca Salerno, militante dei Nap durante gli anni 70, sedici anni di carcere duro sulle spalle, un figlio nato in prigione poco dopo l’arresto, si è spenta ieri a Roma dopo aver resistito a lungo contro la malattia. Quel bambino, Antonio, che aveva tenuto con sé in cella nei primi anni di vita l’aveva perso cinque anni fa, ormai uomo e impegnato politicamente in uno dei centri sociali della Capitale, l’Acrobax, portato via da un incidente sul lavoro. Le foto d’archivio in bianco e nero di Maria Pia Vianale e Franca Salerno col bimbo nel grembo, riprese mentre sorridono dietro la gabbia di un’aula giudiziaria, provocano oggi quasi un senso di vertigine. Una distanza siderale le separa dalle figure femminili che la cronaca politica diffonde in questi giorni. Valerio Lucarelli, autore di un recente volume sulla storia fin troppo dimenticata dei Nap, Vorrei che il futuro fosse oggi. Nuclei armati proletari, ribellione, rivolta e lotta armata (Ancora), sottolinea quanto l’esperienza femminile fosse stata pregnante nella storia di quel gruppo, originale e innovativo nel panorama delle formazioni politiche che impugnarono le armi. D’altronde un ruolo decisivo e di vertice le donne l’ebbero anche in altri gruppi armati della sinistra, dove la presenza femminile è risultata sempre la più alta rispetto ai gruppi legali. Vianale e Salerno furono le prime donne ad evadere. Era il 22 gennaio 1977 quando, aiutate da altri tre militanti giunti dall’esterno, scalarono le mura del carcere di Pozzuoli. Impresa pagata a caro prezzo. Dopo quella fuga i loro volti furono diffusi ovunque e la loro cattura divenne un’ossessione per le forze di polizia. Franca Salerno ebbe modo di raccontare anni dopo che al momento dell’arresto: «se non ci fosse stata la gente a guardare dalle finestre sarebbe stata un’esecuzione. Ero incinta e mi picchiarono. Erano fuori di sé perché eravamo donne. Averci prese, per loro, era una vittoria anche dal punto di vista maschile».
Nicola Pellecchia, un passato importante nei Nap, racconta: «Quando dal carcere la portarono al Fatebenefratelli di Napoli per partorire, nonostante l’imponente dispiegamento militare mezzo ospedale tifava per lei. Fui uno dei primi a conoscerla. Di lei ricordo la vivacità, la spontaneità, la sua capacità di essere politica senza venire dalla politica. Aveva un intuito formidabile, era una combattente vera». Già, ma cosa erano i Nap? «Senza i Nap – risponde Pellecchia – non ci sarebbe stata la riforma carceraria.
Il primo regolamento di quella riforma fu scritto dalla commissione carceri dei detenuti di Poggio Reale di cui facevamo parte. Molti istituti innovativi, come la socialità, vennero pensati dalla commissione di Poggio Reale. Prima in carcere si parlava di “ricreazione”, come all’asilo. Venne istituzionalizzata la rappresentanza dei detenuti, poi recepita nel regolamento carcerario». Sante Notarnicola, altro protagonista delle lotte carcerarie, ricorda l’arrivo di Franca Salerno a  Badu ’e Carros, il carcere speciale di Nuoro, qualcosa di molto vicino ad un lager. «Franca arrivò col suo bambino di pochi giorni. Occupava una sezione isolata, la vedevamo e la sentivamo. Ci fu subito la corsa a prendere le celle che davano sul suo lato. La sera si spegnevano tutte le televisioni e sul carcere calava un silenzio surreale. Cominciava così il dialogo. Anche se ero uno dei pochi compagni, e quindi avevo con lei un rapporto privilegiato, Franca era ben attenta a non trascurare nessuno. Il piccino fu subito adottato da tutta la comunità carceraria e così i pacchi di cibo che arrivavano dalle famiglie venivano mandati a lei. Una mattina, fatto insolito, mi urlò dalla cella. Improvvisamente il carcere si ammutolì. Il bambino stava male e le guardie non facevano niente. Franca mi chiese di chiamare il capo delle guardie. Quel silenzio totale risuonò per loro come una minaccia. Il maresciallo arrivò di corsa chiedendoci di restare tranquilli che il medico sarebbe arrivato entro 5 minuti. Una macchina era stata spedita a prenderlo. “Avete rischiato molto – gli dissi -, siete feroci ma non potete immaginare quanto potremmo diventarlo noi per una cosa del genere”». Sante si ferma, è commosso. «Quanta forza venne dai Nap, organizzazione fatta di studenti e detenuti. Di fronte allo sfacelo che c’è oggi nelle carceri, a Franca vorrei dire “avevate ragione voi”».

Link
Un libro sulla storia dei Nap
Una vecchia intervista a Franca Salerno
Sono nata in un carcere speciale agli inizi degli anni 80, adesso voglio capire
L’evasione di Franca Salerno e Maria Pia Vianale
Un saluto a Franca Salerno

Fine pena mai, l’ergastolo al quotidiano

Libri – Annino Mele, MAI, l’ergastolo nella vita quotidiana, Sensibili alle foglie, ottobre 2005, pp. 111, 12 €

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Annino Mele (sulla detra) alla presentazione del suo libro con l’avvocato Davide Steccanella, Milano, libreria Les Mots, martedì 20 febbraio 2018

Fine pena mai, il tranello della giustizia riabilitativa

Paolo Persichetti
Liberazione
16 aprile 2006

8889883006gFine pena: 99/99/999. La dannazione del nove è l’incubo numerico che dopo l’informatizzazione dei certificati di detenzione ha sostituito il vecchio fine pena mai. Mentre atroci fatti di cronaca ci ricordano quanto possa essere abietta la natura umana, provocando gli inevitabili latrati di chi non ha perso l’occasione per tornare a carezzare la pena di morte o non ha esitato a richiamare la necessità del fine pena mai, il libro di Annino Mele, Mai, l’ergastolo nella vita quotidiana (Sensibili alle foglie, ottobre 2005, pp. 111, 12 €) viene a ricordarci come sia una legenda la diffusa convinzione che la pena a vita di fatto non esista più. L’ergastolo c’è eccome, e il prigioniero a vita Annino Mele lo racconta in tutta la sua angosciante e insensata quotidianità con uno stile minimalista, intercalato di piccoli episodi che narrano i mille soprusi, l’ottusità, le sopraffazioni gratuite che soffocano la vita del recluso insieme a quella giornaliera sfida al tempo senza tempo. Ne viene fuori il percorso di un detenuto altruista, solidale, pronto a sostenere i compagni, vigile affinché siano rispettati i diritti di ognuno e impegnato a migliorare le condizioni della vita carceraria, tentando di dare un senso più costruttivo all’internamento e per questo realisticamente disposto ad accettare anche le nuove regole del gioco introdotte dalla Gozzini. Ben presto però scoprirà il tranello, la subdola ipocrisia che la retorica riabilitativa contiene. «Una volta, dopo che mi era stato comunicato l’ennesimo “buon esito” dell’osservazione, chiesi a bruciapelo: “E ora cos’altro posso sperare di buono?” Vidi l’operatrice abbassare lo sguardo e la sentii mormorare, senza che avesse la forza di guardarmi negli occhi: “Io, il mio lavoro l’ho svolto e dispiace anche a me che sia stato del tutto inutile”».
Il recluso che dimostra eccessiva intelligenza, troppo senso critico, capacità d’organizzazione e relazione sociale è malvisto e temuto perché percepito come un soggetto fuori controllo, non domabile. L’autonomia culturale, la maturità e il senso di responsabilità, sono doti poco apprezzate nella realtà carceraria e sempre più numerosi sono i magistrati di sorveglianza che sovvertendo il loro ruolo interpretano oramai la loro funzione come quella di un quarto grado di giudizio, una sorta di fiera delle indulgenze, diramazione distaccata dell’ufficio del pubblico ministero che in cambio dei benefici pretende confessioni, delazioni, dissociazioni, abiure extraprocessuali. Le teorie riabilitative non hanno affatto cambiato la natura profonda del potere penitenziario e il detenuto che si sottrae alle infime logiche di scambio che la cultura custodiale propone, o al suo corrispettivo speculare che pervade la sottocultura “coatta”, il recluso che non è sedotto dalle pratiche paternaliste o non si abbandona alla questua della medicalizzazione, alle benzodiazepine o ai tavernelli quotidiani, è un carcerato che avrà vita dura.
La storia delle società, scriveva Cechov, è la storia di come si viene sante2 incarcerati. La prigione di oggi è la spettrale raffigurazione di un girone dantesco brulicante di umanità dolente, gabbia dei corpi e tomba del pensiero, società della delazione, esperienza di vita che non ingenera virtuosi proponimenti. Una siderale mutazione antropologica che, sempre volendo restare alla letteratura carceraria, ci separa da quella realtà ribollente che era il carcere della politica e delle lotte negli anni 70, raccontata da Sante Notarnicola nel suo, L’evasione impossibile, riedito tempo fa con una introduzione di Erri De Luca (Odradek). Da quel tentativo di costruire una società senza galere, il 1975 è stato l’anno che nell’intera storia repubblicana ha visto il minor numero di persone incarcerate, poco più di trentamila, la metà di quelle attuali, si è arrivati oggi ad una situazione che ricorda il paradosso di Foucault: «ci dicono che le prigioni sono sovrappopolate. Ma se fosse il popolo ad essere superimprigionato?». La dominazione non solo si è estesa ma interiorizzata come nell’efficace metafora di Kafka descritta nella colonia penale, dove «il condannato sembrava così bestialmente rassegnato che poteva essere lasciato libero di correre sulle colline, e un semplice fischio sarebbe stato sufficiente a farlo tornare in tempo per l’esecuzione».
Alla fine del 2004 vi erano nelle carceri italiane 1.161 ergastolani con pena definitiva. Per fingere di andare avanti siamo dovuti tornare indietro, spiega Nicola Valentino (anche lui ergastolano di lungo corso) nell’introduzione che accompagna il libro. «Per poter costituzionalizzare l’ergastolo, dalle pene fisse ideate dall’illuminismo siamo tornati alle idee arbitrarie dell’inquisizione[…] oggi, la libertà di un ergastolano dipende dal giudice di sorveglianza». Anche l’introduzione del processo con rito abbreviato, che avrebbe dovuto facilitare l’abbattimento della pena capitale, viene sistematicamente eluso grazie all’aggiunta di una pena accessoria, come l’isolamento diurno eredità marcia del codice penale mussoliniano, che nel calcolo delle sottrazioni impedisce di erogare pene temporali. L’ergastolo estende il processo sull’intera vita del recluso, trasformando la prigione in una corte d’assise permanente che gestisce il suo fascicolo in base a procedure imprevedibili, la cui durata dipende dall’abiura dell’inquisito e dall’arbitrio dell’inquisitore. Se la pena di morte, o meglio «l’omicidio giudiziario», come preferiva definirla Cesare Beccaria, sopprimeva la vita «con volgare mancanza d’irascibilità», come avrebbe sottolineato Nietzsche, l’ergastolo se la prende per intero, la divora, come dimostra il carcere di Porto Azzurro, dove la cinta muraria racchiude anche il cimitero di chi nemmeno da morto ha più varcato le mura della prigione.
I fautori della cosiddetta «certezza della pena» rivendicano dunque qualcosa che c’è già. La loro è una sottolineatura del tutto inutile se non fosse che l’obiettivo, in realtà, è un altro: ripristinare anche formalmente il carattere meramente afflittivo, purgativo, incomprimibile della condanna e la natura apertamente eliminativa dell’ergastolo. Come ha spiegato Gianfranco Fini in una intervista apparsa sul Corriere della Sera dopo l’uccisione del bambino di Casalbaroncolo: «occorre impedire che venga abolito il fine pena mai e limitare i benefici della cosiddetta Gozzini». I toni compassati della destra in doppio petto servono solo a far passare meglio l’imbarbarimento reazionario della società. I «mostri» sono il concime dove fermenta l’ideologia forcaiola. Hanno sempre fatto comodo ai cultori del sospettare e punire, fossero di destra come di sinistra, fino al punto che quando mancano c’è sempre qualcuno pronto a crearne uno. Dietro chi soffia sull’isteria emotiva c’è sempre il cinismo di chi vuole strumentalizzare le ondate di indignazione popolare per fomentare svolte repressive e autoritarie, assolutamente ineffettuali quanto a capacità di deterrenza nei confronti della mostruosità umana. In realtà, vi è un uso politico della figura del mostro e della conseguente necessità della pena capitale, finalizzato a rinsaldare la comunità, consentendo di legittimare categorie all’interno delle quali includere nuovi mostri, questa volta invisi ai potenti. Dopo l’orco e il serial killer che albergano nell’immaginario popolare, vengono i dissidenti, gli oppositori, i terroristi, poi i diversi, gli inadatti, gli asociali, gli outsider.
Chi predica la certezza della pena intende ovviamente le pene altrui, convinto della sacrosanta certezza della propria impunità, come recita la sfacciata legalità classista dei berluscones, quella di chi non ha vergogna a propugnare una società castale, dove i figli degli operai non hanno gli stessi diritti dei figli della classe media. Nei mesi scorsi, la destra ha varato una legge, la cosidetta Cirielli, che introduce uno spudorato regime dei due pesi e delle due misure: alcune norme, quelle che intervengono sulla prescrizione dei reati, introducono principi garantisti a salvaguardia unicamente delle infrazioni che appartengono al repertorio dei comportamenti illeciti dei ceti agiati. I famosi delitti dei colletti bianchi. Il giusto diritto ad un processo rapido, oltre il quale non ha più senso l’intervento della sanzione, vale unicamente per le classi imprenditoriali, gli affaristi, i professionisti. Al contrario, per i delitti dei gruppi sociali svantaggiati, designati da sempre come «classi pericolose», i tempi processuali sono rimasti inalterati o addirittura allungati. Per nascondere questa clemenza di censo è stato dato il colpo di grazia ai benefici penitenziari.
Mettere fine ad una sanzione che va oltre la pena, perché riduce l’essere umano allo stato di schiavo, «bene animato» non più soggetto di diritto, spoliato della potestà familiare, civile, politica, condannato ad esistere per interposto tutore, è un segnale simbolico di cui c’è urgente bisogno. Una riforma che non costa nulla ma che equivarrebbe a compiere un modestissimo passo verso la decenza

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“Recensione” del Sappe, sindacato della Polizia penitenziaria.
La lettera del sindacato della Polizia penitenziaria dopo le accuse del detenuto-scrittore
: «Nel libro l’ergastolano ci offende: via dal Bassone»

Mercoledì 23 novembre 2005, La Provincia di Como

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«L’immediato allontanamento del detenuto dalla casa circondariale di Como per ovvi motivi di opportunità e di incompatibilità valutando, altresì, l’eventualità di sottoporlo a una sorveglianza particolare». Questa l’esplicita richiesta della segreteria del Sindacato autonomo di Polizia penitenziaria (Sappe) – firmata dal segretario generale Donato Capece e inviata a otto indirizzi diversi, tra i quali quelli del capo del Dipartimento dell’Amministrazione penitenziaria Giovanni Tinebra, del ministro della Giustizia Roberto Castelli, del sottosegretario del ministero della Giustizia Luigi Vitali, del direttore generale del personale e della formazione del Dipartimento dell´Amministrazione penitenziaria Gaspare Sparacia e della stessa direttrice del Bassone Francesca Fabrizi – in reazione all’uscita, e alla lettura, del libro «Mai» dell’ergastolano Annino Mele, edito dall’associazione «Sensibili alle foglie» fondata dal’ex capo storico delle brigate rosse Renato Curcio. Centododici pagine in vendita a 12 euro che hanno fatto letteralmente imbestialire i rappresentanti sindacali degli agenti penitenziari comaschi per la gravità delle precise accuse lanciate, e non solo alla categoria, dal detenuto-scrittore.

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Afferma la lettera del Sindacato autonomo di Polizia penitenziaria: «Il Sappe intende segnalare il proprio sdegno in merito alle notizie che pervengono dalla casa circondariale di Como dove un detenuto, privato della libertà personale a causa di gravissimi reati, dedica il suo tempo in cella a scrivere libri con l´unico obiettivo di offendere, nel modo più squallido e indecoroso, l’operato della Polizia penitenziaria. Nella fattispecie, le invettive hanno un preciso scopo denigratorio dei compiti istituzionali e dell’intero sistema penitenziario, considerato ovviamente da una prospettiva meramente personale e in qualità di destinatario di provvedimenti vissuti non secondo lo spirito ordinamentale del trattamento. Per di più, la critica è talmente accesa che “l’autore” del testo parla di “regime di iniquità istituzionalizzata”, terminologia che è più che sufficiente a identificare un rapporto quanto mai distorto e acceso nei riguardi di chi deve provvedere all’esecuzione della pena». Conclude: «La lettura del libro intitolato “Mai” può ben fornire una illustrazione che denominare “spietata” costituisce un eufemismo… Auspicando che le Autorità siano sensibili alla proposta menzionata, tenuto conto che le denigrazioni interessano, in primo luogo, anche chi è ai vertici dell’Amministrazione…». Annino Mele, 54 anni, sardo di Mamoiada, elemento di spicco della malavita isolana, sta scontando al Bassone un ergastolo per un duplice omicidio – al quale si è sempre dichiarato estraneo – e la partecipazione ad alcuni sequestri di persona.

Andrea Cavalcanti