Paru dans lundimatin#185, le 2 avril 2019

/ AFP / Alberto PIZZOLI
Durant l’inquisition espagnole, se tenaient de solennelles cérémonies publiques au cours desquelles on donnait lecture des jugements de condamnation et on célébrait les abjurations. Y participaient juges, fonctionnaires, ordres religieux, condamnés et public rassemblé sur une place où était érigé une estrade. L’issue de ces autodafés pouvaient être heureuse ou malheureuse, et dans le pire des cas le fait d’avoir sauvé son âme obligeait le coupable à remercier ses propres bourreaux.
L’autodafé de Cesare Battisti s’est tenu, comme il convient en ces temps ultramodernes et postdémocratiques, dans une salle de tribunal de Milan devant un public de journalistes et de télévisions. Il y avait les juges mais il manquait le coupable qui était passé aux aveux dans la prison d’Oristano deux jours plus tôt. Pour Battisti, le supplice public avait déjà eu lieu le jour de son arrivée en Italie. Dans les procès acutels, le coupable entre seulement nominativement dans le tribunal parce que son lieu prédestiné est la prison, bien avant la condamnation, d’où il peut se connecter – s’il le souhaite – par vidéoconférence. Une présence virtuelle résiduelle pour empêcher qu’on crie à l’abolition définitive des droits de la défense. Pour Battisti, les choses ont été encore plus simples : durant le procès, il n’était pas présent, on l’a condamné au maximum de la peine et 40 ans plus tard, il a avoué au fond de ce puits de 3 mètres sur 4 qu’est sa cellule isolée dans la prison d’Oristano. Ainsi s’est refermé le cercle de la justice !C’est ce qu’a écrit pour Repubblica, avec une grande satisfaction, le procureur Armando Spataro, responsable à la fin des années 70, de l’enquête contre les PAC, groupe dans lequel militait Battisti, d’après lequel il serait faux « que le système judiciaire ne soit pas en mesure de garantir les droits des accusés de terrorisme », au point que « le système italien est étudié comme un modèle vers lequel tendre ». Cette dernière affirmation est sans doute vraie : la « leçon italienne », en fait, a été un laboratoire qui a enseigné au monde comment constitutionnaliser l’urgence, en transformant en règle générale ce qui n’était jusque-là la suspension de la norme dans un espace et un temps donné. Discours repris aussi dans Libération, par Laurent Joffrin qui, sans réussir à éviter une prose percluse d’incessants oxymores, a reconnu à la démocratie italienne d’avoir « traversé l’épreuve sans renoncer, en substance, aux principes de l’Etat de droit.(…) Les membres des groupes terroristes ont été poursuivis avec énergie, mais condamnés la plupart du temps au terme de procès en bonne et due forme ». En réalité, à côté du maintien des « formes », c’est précisément la « substance » de l’Etat de droit qui a subi des modifications. S’il est vrai qu’on n’a pas créé de juridictions spéciales, et que les procès, même devenus « maxi-procès », ont été conduits devant des cours d’assises normales, il est tout aussi vrai que celles-ci ont invoqué des lois spéciales, des exceptions procédurales, des critères de faveurs et de différentiation : en somme un vaste arsenal d’exception qui a doublé les peines, étendue de manière démesurée la notion de complicité jusqu’à des formules elliptiques comme celle de « complicité morale ou psychique », inexistantes dans les autres codes européens, et à plusieurs reprises condamnées par les tribunaux français, multiplié les détentions préventives, renversé la charge de la preuve, érigé la parole intéressées des repentis en fondement des accusations. Sans oublier les tortures du professeur De Tormentis, désormais reconnues même par les tribunaux. Mais l’oxymore à la fin renverse la prose du directeur der Libération qui ajoute : « La « guerre » déclenchée là-bas par les activistes d’extrême gauche s’appuyait sur une analyse en partie juste, mais au bout du compte fausse, de la démocratie en Italie. »
En 1990, ce fut la magistrature française et non pas la doctrine Mitterrand qui déclara Battisti inextradable
Ce qu’on raconte dans la presse italo-française n’est pas vrai : Battisti ne s’est pas toujours déclaré innocent. En 1990, quand il fut visé par une première demande d’extradition provenant de l’Italie, la magistrature française considéra comme irrecevable la requête italienne parce que son procès conclu sur une condamnation, s’était tenu par contumace. A la différence de l’Italie, quand en France un accusé a été condamné en son absence, il a le droit à un nouveau procès une fois revenu à disposition de la justice. Ce fut donc la cour d’appel de Paris qui déclara Battisti inextradable. Décision juridique qui renforçait la politique d’asile de fait résumée dans la formule « doctrine Mitterrand ».Pendant 23 ans, du moment de sa fuite de l’Italie jusqu’à sa seconde arrestation en 2004, réalisée en violation du principe de l’autorité de la chose jugée, Battisti n’avait jamais recouru à la stratégie innocentiste. Le changement survint quand, sous la pression de certains milieux intellectuels et éditoriaux français qui l’avaient adopté, il décida de s’éloigner du cabinet De Félice-Terrel, qui avait historiquement défendu une grande partie des exilés italiens.
La campagne innocentiste
Présentée comme un changement radical après sa libération en mars 2004, la décision soudaine et brutale de faire recours à la catégorie de l’innocence fut assumée dès le début aux dépens de ses compagnons de destin, comme pour souligner que la distance intervenue avec sa vieille communauté serait devenue une valeur ajoutée. Les autres réfugiés furent accusés de l’avoir mis sous pression, carrément bâillonné, le tout sans épargner les jugements dénigrants à l’égard des autres formations politiques armées des années 70 différentes de celles de son petit groupe d’appartenance. Tandis que ses vieux avocats et compagnons d’exil le mettaient en garde, devant le risque que représentait ce choix, en lui rappelant que la procédure d’extradition n’était pas une anticipation du jugement du procès, ni un dernier degré du procès, mais une instance juridique où les requêtes provenant d’Italie étaient évaluées en fonction de leur conformité aux normes internationales et internes, certains de ses soutiens laissaient entendre que la défense nécessaire n’avait pas été développée auparavant parce qu’elle aurait pu « nuire à la protection collective accordée sans distinction des actes commis », à la « petite communauté des réfugiés italiens, protégée pendant plus de 20 ans par la parole de la France » (Le Monde du 23 novembre 2004). En plus d’insinuer, devant l’opinion publique, que la communauté des exilés était une communauté de « coupables » qui empêchaient l’unique « innocent » de se défendre, on leur attribuait un rôle de censeurs jusqu’à dépeindre les exilés comme une bande de cyniques inquisiteurs qui lançaient des excommunications.L’offensive médiatique massive menée par de nombreux et éminents défenseurs de son innocence revint à offrir des prétextes inespérés et des appuis objectifs aux partisans de l’urgence judiciaires, la plupart du temps avec des arguments inadaptés, superficiels et caricaturaux, alors même que le parquet antiterroriste italien n’avait que des arguments mystificateurs de la réalité historique et des vicissitudes judiciaires de ces années-là (rappelons que Spataro lui-même, contredisant le jugement, soutint longtemps que Battisti était directement impliqué dans dans l’assassinat de Torregiani.)
L’exil brésilien
Après que le gouvernement français eut concédé l’extradition et qu’il se fut réfugié au Brésil, l’affaire Battisti se poursuivit sur deux trajectoires : tandis que la campagne publique réitérait la ligne innocentiste, l’affrontement juridique devant le tribunal suprême fédéral et au niveau politique se centra sur l’urgence judiciaire qui avait caractérisé les enquêtes et les procès en Italie, et sur la peine de la perpétuité, sanction absente du code pénal brésilien, jusqu’au refus de l’extradition par le président Lula au terme de son mandat, le 31 décembre 2010.Une fois Delma Roussef, successeuse de Lula à la présidence, destituée, et après le coup d’Etat judiciaire du duo Moro-Bolsonaro, le premier procureur et le second candidat présidentiel, qui s’est concrétisé par l’arrestation de Lula, le destin de Battisti paraissait scellé. Arrêté, après s’être réfugié en Bolivie, il a été conduit en Italie dans le plus total vide juridique, par un pur acte de force, sans mesure régulière d’expulsion du pays, comme en témoigne le fait qu’il a été initialement pris en charge par la police brésilienne et ensuite arrêté sur la passerelle de l’avion qui devait le ramener à Sao Paulo, pour être remis à une équipe italienne arrivée en toute hâte sur les lieux. Artifice mis au point pour empêcher l’application de la clause de commutation de la peine de perpétuité à une peine de 30 ans, sur laquelle l’Italie et le Brésil s’étaient mis d’accord en octobre 2017, et indiquée dans la mesure d’extradition signée par le président Michel Temer, qui avait succédé à Dilma Roussef.
Extraordinary rendition et réclusion spéciale
Après l’arrivée en Italie et l’obscène cérémonie de Ciampino, Battisti a été soumis à un régime de détention extraordinaire qui va bien au-delà de la peine de six mois d’isolement diurne prévue par le jugement. Isolement que la cour d’Assises de Milan, entre temps, n’a pas retenu comme prescrit, malgré l’évidence des décennies passées, parce que – selon ses mots – l’imprescribilité de la perpétuité se « reflète » sur le segment de peine autonome de l’isolement diurne qui, rappelons-le, n’est pas une modalité d’exécution de la détention, mais une peine supplémentaire. Bien que les délits qui lui sont attribués n’entrent pas dans le cadre de ceux impliquant ce régime, Battisti est enfermé dans une cellule d’une section de la prison d’Oristano aménagée pour lui et dont il restera l’hôte unique une fois la période d’isolement diurne terminée. Une sorte de « zone réservée du 41bis » (régime spécial d’isolement total réservé aux mafieux et à quelques « terroristes » NdT) , réalisée en contournant les normes de l’organisation pénitentiaire. Un régime de détention conçu pour extorquer des déclarations au même titre que le 41bis officiel et qui a poussé Battisti à avouer des crimes sans avoir jamais pris part à son propre procès.
Les aveux
Dans le système judiciaire italien, la notion de culpabilité a été renversée par l’imposant arsenal législatif des récompenses. Le discriminant essentiel est devenu de fait le comportement du prévenu, la démonstration de sa soumission, le degré de repentir ou de collaboration. A égalité de délit et de responsabilité pénale, sont rendus des jugements et des traitements pénitentiaires très différents. La logique des récompenses a modifié les frontières de la culpabilité et de l’innocence. On peut être coupable et récompensé, innocent et puni. Ce que l’on est compte plus que ce qui a été fait. Battisti, malheureusement, n’a pas eu la force de se battre contre cette situation.



Toffoli, che in qualità di avvocato generale dell’Unione era già intervenuto nel procedimento, chiamato a fornire un parere sull’eccezione di incostituzionalità sollevata contro la concessione dell’asilo politico a Battisti, aveva difeso la correttezza della decisione presa dal ministro della Giustizia, Tarso Genro. Per evitare conflitti d’interesse ha preferito appellarsi alla clausola di coscienza e non prendere parte al voto. Un gesto che smentisce clamorosamente tutti quelli che avevano accusato Lula di averlo designato per far pendere gli equilibri del Tribunale a favore di Battisti. Nei giorni scorsi era persino circolata voce su un possibile ricorso contro la sua nomina da parte del governo italiano che per voce del proprio legale aveva chiesto a Toffoli di non presenziare al voto. Intervento che ha provocato la ferma reazione del ministro Genro contro l’atteggiamento irrispettoso della sovranità interna brasiliana. Fin dall’inizio l’Italia ha interferito in modo pesante sulla giustizia brasiliana. Un proconsole del governo, il procuratore Italo Ormanni, è stato inviato sul posto per manovrare nei corridoi del Tribunale e influenzare l’esito finale del voto. In realtà Toffoli avrebbe potuto votare. Non esistevano ostacoli giuridici, anzi i giuristi avevano elencato diversi precedenti. Soprattutto avrebbe potuto esprimersi sulla procedura di estradizione, nella quale non era mai intervenuto. Il Tribunale, infatti, con una scelta senza precedenti, e che molti hanno considerato quanto mai barocca, ha deciso di accorpare le due procedure: quella sulla costituzionalità della legge che attribuisce al ministro della Giustizia il potere di concedere lo status di rifugiato; e l’altra, sulla richiesta di estradizione avanzata dall’Italia. Il presidente Gilmar Mendes ha manovrato l’intera vicenda procedurale fornendo prova di notevole fantasia e creatività, al punto che nei manuali di diritto verrà ricordato come il fondatore del surrealismo giuridico brasiliano.
Quello che stampa, mondo politico ed esponenti della vittimocrazia italiana omettono di raccontare, è che l’eventuale annullamento dell’asilo politico avrà come unico effetto immediato la riapertura della procedura d’estradizione, sospesa proprio in virtù della copertura fornita dallo status di rifugiato. Insomma non vedremo affatto Battisti manette ai polsi arrivare in Italia, per la delusione del ministro Frattini e del suo collega La Russa, che un po’ di diritto penale comparato e qualche convenzione internazionale potrebbero pure studiarli. In ogni caso la decisione finale – sempre che la magistratura non dichiari irricevibile la richiesta d’estradizione (va ricordato che il mancato riconoscimento dell’asilo politico non inficia minimamente la possibilità di rifiutare una domanda d’estradizione) – spetta in ultima istanza a Lula.
Dopo soli 13 minuti il primo goal, con un raddoppio dopo altri 14. Robinho ubriaca l’intera difesa italiana, dribla tutto quello che gli si para davanti, fa passare la palla tra le orecchie degli azzurri e infila Buffon. Il Brasile stravince a ritmo di samba per 2 a 0 contro Frattini e la schiera di politicanti che volevano giocare col lutto al braccio.
nto il relatore del tribunale federale supremo brasiliano non accoglie la richiesta italiana di annullamento preliminare dell’asilo politico concesso a Battisti. Ora il ministro della Giustizia Tarso Gendro e la difesa di Battisti hanno 10 giorni per deporre delle contro memorie in risposta a quella depositata dallo Stato italiano.
«Vita dorata», «intellettuale della rive gauche»? Battisti in realtà conduceva una vita precaria, dal tenore modesto. Portinaio di un immobile, tirava a campare con meno di 800 euro al mese e viveva in una soffitta. Nei ritagli di tempo si dedicava alla sua passione, la scrittura di gialli che certo non gli davano da vivere. Tutto ciò è stato deformato fino a ridisegnarlo come una delle maschere più odiose degli anni 70: l’icona del male, l’assassino dal ghigno feroce. Sorpassato dagli eventi non ha fatto molto per impedire tutto ciò. E gli scrittori alla Bernard Henri Levy e alla Fred Vargas l’hanno schiacciato sotto il peso del loro narcisismo vittimista, eleggendolo ad emblema della persecuzione contro la casta intellettuale. Parlavano di lui ma vedevano se stessi. La vicenda è uno di quei casi in cui la storia trascende i suoi protagonisti. Come lui stesso ha riconosciuto in una sua recente intervista su un quotidiano brasiliano, Battisti non riesce a comprendere come e perché si sia ritrovato al centro di un affaire internazionale, oggetto di tante polemiche, odio e accanimento. Questa incapacità di comprendere ciò che gli accade la dice lunga sugli strumenti culturali del personaggio che sembra vivere in una dimensione separata, nella trama di uno dei suoi “gialli” piuttosto che nella realtà. Da qui il gusto per le trame, i Servizi che intervengono, i toni guasconi, le semplificazioni che rasentano grettezza.